François Ghiringhelli, de l'Unité Inserm « Lipides, nutrition et cancer » (Dijon), qui a dirigé cette étude, rappelle le débat sur la chimiothérapie. Agit-elle, au-delà de son action sur les cellules cancéreuses, sur le système immunitaire ou, comme le suggèrent certaines études, supprime-t-elle toute défense immunitaire ?
L'action délétère du système immunitaire décryptée : En constatant que ces 2 agents chimiothérapeutiques le 5-fluorouracile et la gemcitabine activent un complexe protéique, appelé «inflammasome NLRP3 » au sein de certaines cellules du système immunitaire, les chercheurs apportent une première réponse. Car cette activation constatée chez la souris conduit à la libération par ces cellules de la cytokine pro-inflammatoire, l'interleukine IL-1beta, qui va induire la production d'une autre cytokine (la cytokine IL-17) aux propriétés angiogéniques donc pro-tumorales. Cette réaction va donc venir limiter l'efficacité anti-tumorale de la chimiothérapie, explique François Ghiringhelli.
Comment l'empêcher ?
· En testant les 2 agents chez des souris privées d'inflammasome NLRP3 ou de cytokine IL-17, les chercheurs montrent une activité antitumorale augmentée.
· En traitant les souris par un inhibiteur de l'IL-1beta, ils augmentent l'efficacité de la chimiothérapie.
Bloquer le complexe protéique en amont ou inhiber la première cytokine IL-beta peut donc améliorer l'efficacité de la chimiothérapie en supprimant les réponses immunitaires délétères. Un prochain essai devrait tester la combinaison chimiothérapie et inhibiteur d'IL-1 beta.
Source: Communiqué Inserm et Nature Medicine doi.org/10.1038/nm.2999 December 2012 Chemotherapy-triggered cathepsin B release in myeloid-derived suppressor cells activates the Nlrp3 inflammasome and promotes tumor growth (visuel InCa : Chimio)