En constatant sur la souris que deux médicaments de chimiothérapie couramment utilisés pour le traitement des cancers digestifs et mammaires peuvent favoriser le développement des tumeurs, ces chercheurs de l'Inserm, dévoilent comment le système immunitaire peut limiter l'efficacité de certaines chimiothérapies anticancéreuses. Les résultats de ces travaux publiés dans l'édition du 2 décembre de la revue Nature Medicine incitent les chercheurs à identifier les molécules responsables de l'activation délétère du système immunitaire. Dans un prochain essai.
François Ghiringhelli, de l'Unité Inserm « Lipides, nutrition et cancer » (Dijon), qui a dirigé cette étude, rappelle le débat sur la chimiothérapie. Agit-elle, au-delà de son action sur les cellules cancéreuses, sur le système immunitaire ou, comme le suggèrent certaines études, supprime-t-elle toute défense immunitaire ?
L'action délétère du système immunitaire décryptée : En constatant que ces 2 agents chimiothérapeutiques le 5-fluorouracile et la gemcitabine activent un complexe protéique, appelé «inflammasome NLRP3 » au sein de certaines cellules du système immunitaire, les chercheurs apportent une première réponse. Car cette activation constatée chez la souris conduit à la libération par ces cellules de la cytokine pro-inflammatoire, l'interleukine IL-1beta, qui va induire la production d'une autre cytokine (la cytokine IL-17) aux propriétés angiogéniques donc pro-tumorales. Cette réaction va donc venir limiter l'efficacité anti-tumorale de la chimiothérapie, explique François Ghiringhelli.
Comment l'empêcher ?
· En testant les 2 agents chez des souris privées d'inflammasome NLRP3 ou de cytokine IL-17, les chercheurs montrent une activité antitumorale augmentée.
· En traitant les souris par un inhibiteur de l'IL-1beta, ils augmentent l'efficacité de la chimiothérapie.
Bloquer le complexe protéique en amont ou inhiber la première cytokine IL-beta peut donc améliorer l'efficacité de la chimiothérapie en supprimant les réponses immunitaires délétères. Un prochain essai devrait tester la combinaison chimiothérapie et inhibiteur d'IL-1 beta.
Source: Communiqué Inserm et Nature Medicine doi.org/10.1038/nm.2999 December 2012 Chemotherapy-triggered cathepsin B release in myeloid-derived suppressor cells activates the Nlrp3 inflammasome and promotes tumor growth (visuel InCa : Chimio)
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