Acheter un canapé c'est sympathique, si ce n'est que plus de la moitié des produits proposés contiennent des retardateurs de flamme potentiellement toxiques qui n'ont pas encore été testés sur leurs effets possibles sur la santé humaine. Tant de nouvelles substances chimiques ont été introduites ces dernières années qu'il est devenu impossible pour les scientifiques de toutes les identifier et de déterminer leurs effets. C'est ce que dénonce cette étude –certes Californienne- de la Duke University, publiée dans la revue Environmental Science & Technology : il n'existe pas de véritable traçabilité de ces substances au fil du processus de production.
Ici, l'équipe a analysé 102 échantillons de mousse de polyuréthane de canapés achetés pour un usage domestique aux États-Unis entre 1985 et 2010 :
· L'agent ignifuge « Tris » est présent dans 41% des échantillons testés : Ce retardateur de flamme chloré est déjà considéré comme un cancérogène probable pour l'homme sur la base de données d'études sur l'animal. Pour la petite histoire, son avait été interdite aux US, en 1977 dans la composition des grenouillères pour bébé en raison de ses risques mais il est toujours largement présent dans 41% des échantillons de mousse canapé testés, selon Heather Stapleton, professeur agrégé de chimie environnementale à l'Université Duke et auteur de l'étude.
· L'agent pentaBDE (ou Pentabromodiphenyl ether) interdit dans 172 pays dont en UE et 12 états américains reste présent dans 17% des échantillons. Or, les effets du PentaBDE sont durables, le composé migre dans l'environnement et s'accumule dans les organismes vivants. C'est un perturbateur endocrinien reconnu qui affecte la régulation de la thyroïde et le développement du cerveau. L'exposition précoce est associée à un petit poids de naissance, un QI plus faible et des difficultés motrices chez les enfants.
· 2 nouveaux mélanges de produits chimiques retardateurs de flamme ont également été identifiés pour lesquels il existe peu ou pas de données scientifiques.
L'étude détecte des produits ignifuges dans 85% des produits testés dont 94% de ceux achetés après 2005. Plus de la moitié des échantillons, quel que soit l'âge du canapé, contiennent des retardateurs de flamme potentiellement toxiques qui n'ont subi que trop peu ou aucun test sur leurs effets possibles sur la santé humaine. Tant de nouvelles substances chimiques ont été introduites ces dernières années qu'il est devenu très difficile pour les scientifiques de toutes les identifier ou de déterminer leurs effets possibles sur la santé.
La traçabilité des retardateurs de flamme chimiques reste déficiente : Des fabricants de plus en plus nombreux, ont utilisé ces retardateurs de flamme chimiques pour traiter le rembourrage en mousse des canapés. En particulier, en Californie, lieu de l'étude, où la loi impose au mobilier de pouvoir résister à une exposition de 12 secondes à une petite flamme, sans inflammation. Le problème est, que dans de nombreux cas, le fabricant lui-même ignore quels produits chimiques ont été utilisés pour le rembourrage des produits qu'il fabrique. Des résultats « californiens », mais qui pour une large part peuvent sans doute s'appliquer à notre continent.
Sources: Environmental Science & Technology November 28, 2012 DOI: 10.1021/es303471dNovel and High Volume Use Flame Retardants in US Couches Reflective of the 2005 PentaBDE Phase OutEurLex
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