Najat Vallaud-Belkacem va finir par avoir droit à sa rubrique spéciale tant le rythme de ses productions personnelles s’est accéléré. Si on ne l’entend guère en tant que porte-parole d’un gouvernement aphone et hydrocéphale, elle compense largement en pépiant bêtises sur bêtises avec une belle véhémence sur un nombre de sujets bien restreint qui vire à la monomanie. Il faut dire que son dada, l’égalité jusqu’au bout du sexe, fournit une matière inépuisable…
Et vendredi dernier, le 30 novembre, Najat a pris la parole sur Europe1 : toute frétillante à l’idée de mâchouiller un gros micro mou, elle s’est précipitée dans les locaux de la radio parisienne pour expliquer le nouveau plan d’action législatif tactique d’offensive rapide avec commandos opérationnels de frappe avancée du gouvernement, en faveur de l’égalité hommes-femmes femmes-hommes, qui décline toute une série de bricolages volubiles concernant aussi bien le sexisme à l’école, la lutte contre les violences, l’égalité professionnelle, la parité ou la reproduction des escargots par temps de pluie.
Nous avons donc d’un côté des citoyens (et pas des citoyennes, hein) pas assez conscientisés à la question de l’égalité hommes-femmes femmes-hommes, de l’autre une ministre volontaire avec une vraie poigne qui ne s’en laissera pas compter, la suite est logique et consiste dans un arsenal de mesures que Baptiste Créteur détaille dans son dernier article.
Pour ma part, ayant précédemment analysé les fumenisteries (fumisteries féministes) de la porte-parole gouvernementale, je ne vais pas passer en revue toutes les folies constructivistes qu’elle entend imposer à une population déjà lourdement sanctionnée d’être restée en France, mais je vais m’attarder un peu sur une interview qu’elle a donné au JDD, concernant l’apprentissage de l’égalité (ici, sexuelle), dès la maternelle. Oui, vous avez bien lu, pour la ministre du droit des femmes, il faut agir au plus tôt, et cela commence donc dès que les parents s’éloignent un peu de leur progéniture (on apprend bien les meilleurs tours aux animaux lorsqu’ils sont jeunes, après tout.)
Et pour lutter contre l’inégalité, Najat propose de se pencher spécifiquement sur le cas des filles. Parce que, comprenez-vous,
La violence à l’école affecte les enfants sans différence de sexe. Mais celle qui vise les filles se manifeste souvent sous la forme de violences sexistes et parfois même sexuelles.
C’est très simple : il faut lutter contre les inégalités, ce qui commence par un traitement différent en faveur des filles. Les garçons ne subissent pas de violences sexistes ni sexuelles. Ou en tout cas, comme ce sont des garçons, point n’est besoin de s’intéresser à eux, ils s’en remettront. C’est dit. S’en suit une petite tirade pour expliquer que le nouveau pilonnage d’artillerie législative a été semble-t-il déclenché par l’immensément connue présidente de la célébrissime association « Paroles de femmes », Olivia Cattan, qui aurait tiré la proverbiale et journalistique sonnette d’alarme. Comment ? Vous ne connaissiez pas Olivia Cattan ? Allons ! Enfin ! Vous n’aviez jamais entendu parler de Paroles de Femmes, cette association loi 1901 multiculturelle, laïque, féministe, apolitique et citoyenne qui lutte contre le sexisme, les inégalités professionnelles et la reproduction des escargots par temps de pluie, gentiment subventionnée avec vos impôts ? Non ? Eh bien voilà, c’est fait. Et vous n’avez pas le droit de vous demander pourquoi cette association a été prise en compte et pas une autre, pourquoi elle a reçu de l’argent et pourquoi sa sonnette d’alarme s’entend mieux que par exemple l’association méridionale des amoureux du Cassoulet Traditionnel qui vise pourtant à la sauvegarde d’une vraie recette de terroir !
De toute façon, l’idée consiste à lutter contre les inégalités en offrant un traitement particulier aux femmes. Ainsi, Najat observe, abasourdie, que
« Aujourd’hui, la moitié des femmes sont concentrées dans 12 familles professionnelles alors qu’il en existe 87! »
Une idée, entre autres, pourrait consister à réduire le nombre de familles professionnelles, à 3 par exemple. Certes, elles seraient vite très fourre-tout, mais instantanément, cette concentration n’apparaîtrait plus. C’est idiot ? Pas autant que considérer cette concentration de 12 sur 87 sans voir que la concentration des hommes est tout aussi importante dans un nombre aussi restreint de professions. Par exemple, le pilotage des engins de BTP est totalement trusté par les hommes (à plus de 98%). Pourquoi les femmes ne s’y risquent-elles pas ? C’est un scandale ! La question devient alors pourquoi la ministre dit-elle :
Nous devons promouvoir les mêmes appétences chez les filles que chez les garçons pour éviter de restreindre leur champ des possibles.
Pourquoi ne faudrait-il pas provoquer les mêmes appétences chez les garçons que chez les filles ? Mme Belkacem, vous faites là encore de la discrimination. Pour vous, les femmes sont plus égales que les hommes puisque c’est avec elles qu’elle entend travailler leurs appétences. Là encore, les garçons, elle s’en tamponne.
En réalité, il faut bien comprendre que la ministre fait ici feu de tous bois, quitte à se départir complètement de toute lucidité, toute cohérence, même interne : le but est, encore une fois, de faire parler d’elle et de son action gouvernementale décisive. Peu importe que cette action soit complètement constructiviste et absolument pas primordiale voire contre-productive dans la tempête que traverse la France. Et c’est précisément parce que le gros temps gronde sur l’économie française qu’elle doit surenchérir violemment pour se faire entendre, fut-ce au prix d’un discours absolument consternant. Il suffit pour s’en convaincre d’aller lire son blog pour comprendre à quel point l’ingestion de champignons hallucinogènes fait maintenant partie intégrante du modus operandi de nos politiciens en mal de couverture médiatique : dans la catégorie, « toi aussi, écrabouille un bisounours de ton amour étouffant », on trouve ainsi des déclarations enflammées et parfaitement incohérentes comme celle-ci :
Cette nouvelle culture de l’égalité qui irriguera notre pays, nous en bénéficieront toutes et tous. Cette culture de l’égalité sera (…) aussi une culture de liberté. (…) Liberté pour les femmes qui pourront s’engager sur des voies professionnelles nouvelles, liberté pour les hommes d’envisager de nouveaux équilibres de vie sans stigmatisation.
On aime lire ce genre de consternantes fadaises où l’égalité vient asperger tout le monde et, par une pirouette rhétorique transparente, est transformée en liberté. On entend dans le fond les chorus enfiévrés d’une armée de fonctionnaires pétris de la nouvelle pensée égalitariste se livrant à l’irrigation forcée de la société, en rythme et en chanson. Alléluia, pour la ministre, le peuple ne veut plus qu’une chose, de la bonne grosse égalité généralisée et bien collante ! Et plus vous serez égaux, plus vous serez libres ! D’t'façon la liberté, c’est l’esclavage ! La guerre, c’est la paix ! L’ignorance, c’est la force… Le lyrisme de ses tirades laisse songeur : une fois qu’on les en a débarrassées, on se retrouve avec un message qui fait froid dans le dos. Ainsi, …
Les années passées ont été celles du pessimisme qui paralyse et bloque la marche vers l’égalité. Notre programme est un programme d’espoir. A travers la question des droits des femmes, nous posons la question des rythmes de la société, de notre manière de produire, de nos valeurs.
… signifie clairement que pour notre égérie auto-proclamée, le constructivisme dont elle veut faire preuve pour imposer une égalité hommes/femmes n’est que le début d’une espèce de refondation complète de la société.
Aucun doute : les socialistes au pouvoir actuellement ne sont pas qu’une brochette d’incompétents qui ont récupéré toutes les manettes du pouvoir sur une série de mollesses, de bassesses et de malentendus ridicules qu’une droite pathétique et grotesque leur aura offerts sur un plateau. Ce sont aussi de dangereux dogmatiques verrouillés mentalement plusieurs années avant la chute du Mur de Berlin, lorsque l’illusion communiste pouvait encore faire rêver des naïfs et quelques imbéciles.
On est en 2012, et pourtant, les Socialistes, à l’image de Najat Valleau-Belkacem, sont restés scotchés en 1970.