Quand on te dit que la racaille des talus joue un rôle irremplaçable dans la gestion de la biodiversité, t'es plié en deux de rire rien qu'en imaginant des rougeauds à front bas, biberonnant du rouge qui tache, tenter de distinguer une grive d'une poule faisane. Pour les chasseurs, du moment que ça vole, c'est bon à tirer...
C'est pour ça qu'ils exigent de classer toutes les espèces comme chassables, c'est moins chiant, t'as pas de question à te poser, tu dégommes et tu vois ensuite. Ces burnes font dans l'efficace. À la limite, l'idéal serait de considérer tous les animaux comme des nuisibles pour réaliser enfin le rêve de ces noeuds volants : les chasseurs et le reste à tuer. C'est binaire mais quand t'es déséquilibré affectif, ça suffit largement à ton bonheur.
Regarde, lui : le 6 octobre dernier, à Maxey-sur-Vaise (Meuse), lors d'une battue au sanglier, pour passer le temps, il s'est amusé à tirer (avec de la balle expansive quand même) sur un chat. La pauvre bestiole est morte.
Sauf qu'il ne s'agissait pas d'un chat domestique mais d'un chat forestier, espèce en voie d'extinction. C'est un animal tout à fait différent du greffier commun et facile à distinguer.
Le viandard liquidateur de chat forestier risque une amende salée pour destruction d'espèce protégée; il affirme donc mordicus qu'il croyait que c'était un matou ordinaire.
Déjà, tu constates à quel point ces types sont tarés : ils assument le fait que pendant une chasse au sanglier, ils se passent les nerfs sur un chat, le pulvérisant avec du gros calibre.
Ensuite, tu remarques qu'ils sont de toute façon incapables, le cas échéant, de distinguer un chat forestier d'un chat tigré. Deux oreilles, une queue, quatre pattes, un pelage, c'est forcément un chat. Pareil pour le chien et le loup, le tétras et le pigeon ramier, tout ça c'est kif-kif.
Y'a pas à dire, ce n'est que quand ils excellent à se flinguer entre eux que les chasseurs sont dans leur vrai rôle de gestionnaires.