Le 24 Novembre, j'ai eu le plaisir d'intervenir auprès de jeunes patients adolescents d'un cabinet d'orthos près de Genève. L'après-midi, direction Lausanne pour la diffusion d'un court-métrage nommé "L'Amour Bègue" suivi d'un débat, organisé par l'Association Parole Bégaiement Suisse. Un petit compte rendu de cette belle journée !
C'est Anne, une jeune orthophoniste "passionnée de bégaiement", installée près de Genève, qui m'a demandé si je pouvais venir en parler avec ses jeunes patients. Comme pas mal d'orthophonistes maintenant, (ce dont je m'aperçois de plus en plus, et c'est génial !), elle utilise mes vidéos avec ses patients lors de ses séances, et c'est tout naturellement que j'ai accepté de venir rencontrer et discuter avec ceux qui me connaissent à travers l'objectif de ma petite caméra !
Après quelques heures de train, je suis arrivé à Morges, petite ville à 1h de Genève, pour "discuter bégaiement" avec un petit groupe de 5 adolescents (le groupe n'était malheureusement pas au complet).
Dans une ambiance super, les jeunes, leurs orthophonistes et moi-même avons échangés sur nos bégaiement, nos attitudes vis à vis de ceux-ci, et le parcours de chacun.
Tour à tour, Idoia, Sandro, Lucas et Tristan, ainsi que Anne et Paola, leurs Logopédistes (comme on dit chez eux !) m'ont posé des questions, ont répondus aux miennes, dans une ambiance sympa et décontractée.
J'ai découvert des ados résolument optimistes sur leurs bégaiements, et finalement, c'était peut être leurs orthophonistes qui se posaient le plus de questions ! Bref, un moment d'échange et de partage bien agréable.
Ensuite, direction Lausanne, avec 4 des 5 ados et les orthos. Nous avons déjeunés tous ensembles dans un restaurant chinois, en continuant nos échanges de manière informelle, a propos du bégaiement, de tout et n'importe quoi aussi, dans une convivialité agréable.
Une fois rassasiés, nous nous sommes rendus à deux pas de la gare de lausanne pour assister à un évènement organisé par la branche Helvétque de l'APB. Au programme, la projection du court-métrage "L'Amour Bègue" en présence d'Olivier Duval, co-auteur et acteur principal du film, et bègue lui-même, suivi d'une série de questions-réponses/débat avec celui-ci.
Le court métrage dépeint le parcours de Tim, jeune homme de 23 ans tout à fait ordinaire, hormis le fait qu'il bégaie, et ses déboires pour trouver l'amour.
Pour ne pas allonger cet article, j'écrirai un billet plus détaillé sur ce court-métrage en particulier, car il y a pas mal de choses à dire ;)
Dans la salle, une assemblée d'une quarantaine de personnes je pense, composée de personnes qui bégaient, de leurs familles et entourages, ainsi que des orthophonistes, ont posé des questions au jeune co-auteur et acteur du court-métrage.
Ce qui m'a frappé, c'est que moins de 10 personnes (dont moi, comme d'habitude...) il me semble, sur les 40, ont pris la parole, ce que je trouve assez dommage.
Dans la salle, la moyenne d'âge des personnes qui bégaient devait se situer aux alentours de 45-50 ans, et ce qui m'a d'autant plus frappé, c'est que je me suis rendu compte combien leurs discours et leurs positions sur le bégaiement étaient différents de ceux des jeunes ados que j'avais vus le matin.
Quasiment tous ont parlé du bégaiement d'une manière très négative, pessimiste, voire dépressive. Certains ne comprenaient pas comment des personnes qui bégaient peuvent affirmer que le bégaiement possède des aspects positifs, tant eux ne le perçoivent que comme une souffrance.
J'ai vu et entendu des personnes vraiment meurtries par leur bégaiement, comme rarement j'en avais rencontré, c'était assez dur d'entendre ça.
Le contraste avec les jeunes du groupe du matin était saisissant, eux qui perçoivent leur bégaiement de manière beaucoup plus "cool", détendue, voire même positive. Et qui du coup progressent beaucoup plus vite !
C'est en entendant des discours comme ceux-ci que je me rend compte à quel point le travail de prévention, d'information, de "dé-dramatisation" est d'une extrême importance.
Chose positive, malgré la lenteur du changement de mentalité, ce contraste témoigne déjà d'un chemin effectué et d'un effort qui va dans le bon sens ! Et ça, c'est vraiment une bonne nouvelle.
De même, le travail des orthophonistes sur les aspects comportementaux du bégaiement sont vraiment indispensables, car il ne peut pas y avoir d'amélioration durable et réelle si il n'y a pas une prise en charge globale de la personne qui bégaie, autant sur les aspects mécaniques et techniques du bégaiement, que sur les aspects psychologiques et émotionnels.
Plus on s'attache à facilité l'acceptation tôt chez les jeunes personnes qui bégaient, plus on leur donne des armes efficaces et solides pour pouvoir le surmonter par la suite, tout au long de leur vie s'il le faut.
Au final, une journée vraiment enrichissante à tous les niveaux, avec des belles rencontres et des échanges toujours constructifs. Et pour finir en beauté, j'ai mangé une raclette le soir. Que demander de plus ?! ;)
Jeu de briques
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