Interview découverte!

Publié le 01 décembre 2012 par Fitandperf @floelele974

L’expert basketball du site allemande Trainingsworld.com, Ramy Azrak, a interviewé Marcus Lindner, préparateur physique/athletic trainer des Brose Baskets Bamberg, équipe de la Bundesliga allemande, et de l’équipe nationale allemande. Suite aux accords avec Ramy et Marcus, j’ai traduit et je partage cette interview pour vous, car certains d’entre vous me demande et sont intéressé sur le travail du préparateur physique basket de niveau Euroligue.

Marcus Lindner travaille depuis 2010 au club Brose Baskets Bamberg, triple champion d’Allemagne de Basketball et de la coupe d’Allemagne, cinq participation en Euroleague. Depuis 2009 il fait en plus partie du staff technique de l’équipe nationale. Son ascension a commencé à la Deutsche Sporthochschule Köln, à l’Université des Sports à Cologne, où le détenteur d’un Sport-Diplom (équivalent du DESS/Master STAPS) a terminé ses études en « entrainement, performance et préparation physique » en 2006. Déjà en tant qu’étudiant il a pu établir des liens avec le Deutscher-Basketball-Bund (ligue de basketball allemande). Les étapes professionnelles de cet hyperactif de 32 ans ont été très variées depuis ses années en tant qu’étudiant d’une part, où il a été intervenant à l’université et attaché technique d’enseignement et de recherche, d’autre part, il a travaillé durant 3 ans entant que préparateur physique des Köln 99ers, ancien club de la Bundesliga, puis plus tard en Autriche à Klagenfurt/Gmunden.

Dans la première partie de cette interview exclusive pour trainingsworld, Marcus parle de son travail auprès des Brose Baskets Bamberg, il nous explique quels ont été les domaines d’entrainement spécifiques lors des playoffs et ce qu’il analyse du banc lors des matchs. L’entretien a été réalisé en été 2012 par Ramy Azrak, et je fais la traduction française.

trainingsworld: Marcus, tout d’abord félicitations pour le troisième doublé consécutif avec les Brose Baskets Bamberg. Quelle importance porte la récupération des joueurs quelques semaines après la fin de la saison ? Et comment peux-tu influencer cette récupération ?

Marcus Lindner: influencer la récupération lors de l’intersaison? Cela est toujours compliqué. Tous les joueurs sont partis en vacances juste après la fin de la saison. La plupart des joueurs ont eu une prescription de 2 semaines de repos, pendant lesquelles ils ne devaient rien faire, puis ils ont commencé le programme de l’intersaison. Les joueurs qui ne font pas partie de l’équipe nationale s’entrainent chez nous sur place, alors que d’autres sont en équipes nationales ou en Summer League . Il s’agit principalement des prospects (n.d.r.l joueurs espoirs), qui n’ont pas été sélectionnés. Nos américains et aussi nos autres joueurs étrangers, qui sont sous contrat chez nous, s’entrainent sous ma direction par Email et Skype dans leurs villes d’origine. En ce moment, le programme est constitué de fondamentaux individuels ainsi que d’un programme d’endurance de base, et d’entrainement de base de la force, de la flexibilité et de la mobilité.

L’entrainement, est-il le même pour tous les joueurs ?

Nous différencions les entrainements. Les joueurs obtiennent leurs planifications de l’entrainement de la force en fonction d’évaluations des fonctions musculaires, des performances musculaires et de tests analytiques, c’est-à-dire en fonction de leurs compétences motrices, ils doivent s’entrainer dans différentes catégories motrices, et ainsi ils progressent différemment. C’est individualisé par rapport aux compétences motrices de chacun.
Nous différencions des exercices avec évaluation de performance qualitative et évaluation de performance quantitative, qui mesurent différents paramètres. C’est-à-dire qu’un joueur va plutôt améliorer sa capacité excentrique, tandis qu’un autre joueur va plutôt travailler son explosivité et un autre son couplage des phases excentrique-concentrique. Cela sont les grands éléments que nous leurs avons donné à faire comme devoir.

Chez les Brose Baskets Bamberg, tu entraines les joueurs avec un cardio-fréquencemètre. Quelles observations as-tu pu faire lors des deux dernières années, depuis le début de ton activité ?

L’entrainement avec cardio-fréquencemètre nous aide à ce que la fréquence cardiaque du joueur se situe dans sa zone optimale, et que nous pouvons vérifier ceci sur l’ordinateur. Evidemment le bilan est aussi très important par rapport à la récupération, lorsque nous dirigeons des footings de récupération, des séances de récupération sur vélo ou simplement une séance de shooting en récupération ou après un match. Dans ce cas nous pouvons freiner les joueurs.
Cela sert aussi un peu à estimer les efforts fournis de chaque joueur. Mais cela reste un outil vague, car il fournit des résultats imprécis, et sert comme petit indicateur de la direction, vers laquelle nous dirigeons le travail.

Quels sont les domaines principaux d’entrainement que tu as fixé pour les playoffs?

Pendant les playoffs, le critère principal est que tous les joueurs soient aptes à jouer. Il s’agit principalement de récupération et de repos. Chaque joueur à son propre programme de flexibilité et de mobilité, basé sur les résultats des tests. Mais aussi l’alimentation et la nutrition (compléments alimentaires) ont acquis un rôle prépondérant entretemps. Un autre élément est suffisamment de sommeil, évidemment aussi en vue des matchs à l’extérieur, qui impliquent souvent des déplacements fatiguants. Nous essayons d’entrainer de façon à ce que les joueurs gardent un bon rythme circadien et nous les y encourageons. Mais principalement, comme je viens de vous le dire, il s’agit surtout de récupération des joueurs, afin de les préparer de façon optimale aux entrainements et aux matchs.

Qu’est-ce que tu analyses pendant un match, lorsque tu es sur le banc ?

On me pose fréquemment cette question. J’observe surtout comment les joueurs bougent, si tout se passe bien, ou bien si on peut reconnaître chez l’un ou l’autre que quelque chose ne tourne pas rond. Le tout est évidemment très subjectif, mais en règle générale ma propre perception coincide avec les observations de notre médecin et de notre kiné. Nous observons et analysons en principe les mêmes choses. On ne suit pas tant le jeu, mais plutôt les déplacements et mouvements des joueurs. J’observe évidemment aussi lorsqu’un joueur s’appuie sur ses genoux au bout de deux minutes ou s’il semble essoufflé. Tout cela joue un rôle dans mes analyses.

Donc tu ne peux jamais regarder un match en étant détendu?

Pendant le match de basket, je ne fais pas de travail poussé et bien-sûr que je suis aussi le match. Mais je ne regarde pas le match, comme je pouvais le faire auparavant. J’observe essentiellement mes propres joueurs. Ceci commence déjà lors de l’échauffement et va jusqu’aux dernières minutes du match. Durant le match, je communique constamment avec le staff médical et aussi les joueurs présents sur le banc. Je demande par exemple aux joueurs comment ils se sentent, si tout va bien, notamment ceux qui ont eu des problèmes durant la semaine, je leur demande s’ils ressentent des douleurs. Mais lors des matchs, c’est le coach qui donne les ordres.

Comment vas-tu faire pour améliorer une équipe quasiment parfaite, qui n’a eu que 2 défaites lors de la saison 2011/2012?

Je pense que ce que nous pourrions améliorer sont les conditions générales. Nous avons urgemment besoin d’une salle d’entrainement, afin que nous puissions encore mieux travailler. J’ai discuté avec les collègues des Oklahoma Thunder. Ils m’ont fait saliver, lorsqu’ils m’ont parlé de leur infrastructure. Nous n’allons pas obtenir cela dans le basket allemand dans les prochaines décennies, j’en suis assez sûr. Pour des conditions optimales il faut des locaux pour les services médicaux, pour la préparation physique et pour l’entrainement de basket. Tout ceci doit être dans un même bâtiment et chez nous, ce n’est malheureusement pas le cas.

Prochainement, Marcus Lindner répondra aux questions au sujet de son travail pour le Deutscher-Basketball-Bund, la fédération allemande de basketball, et nous racontera peut-être comment c’est de travailler avec Dirk Nowitzki.

Source : http://www.trainingsworld.com/training/athletik/baskteball-experten-interview-professionellen-athletiktrainer-2458204.html

Merci à Marcus Lindner et Ramy Azrak.

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