La poudre d’or de la beauté
tombe quelquefois sur le monde.
C’est ce qui nous aide à
tenir.
Ce n’est pas parce qu’une chose est vraie que son contraire ne l’est pas.
Nous trouvons l’univers complexe et bien souvent paradoxal, mais si nous ressentons cela, n’est-ce pas, en fait, en raison de notre propre « simplicité », de nos propres limites et de nos propres lacunes dans la connaissance et dans la compréhension des choses ?
Grâce à Einstein, nous savons désormais que sens commun et logique sont deux choses radicalement différentes.
Le créatif est toujours peu ou prou un révolutionnaire.
En élaborant du neuf, il crée automatiquement du changement.
La créativité a à voir avec le jeu.
Les gens se victimisent.
C’est une forme de manipulation, au demeurant devenue très « à la mode » dans le cadre de nos sociétés humanistes.
Au plan strictement logique, il ne devrait pas être difficile à tout être humain de reconnaitre ses erreurs, ses torts et ses carences. Il lui suffirait de se dire et de garder à l’esprit que « l’erreur est humaine » et que « nul n’est parfait » - ce qui est somme toute une évidence. Et pourtant, on le sait bien, rien n’est plus répandu que le déni, que la mauvaise foi et que le désir de ne pas endosser ses responsabilités, de les mettre, dès que c’est possible, sur le dos de quelqu’un d’autre ; cela tient même du réflexe. Le plus souvent, l’immaturité, l’ego, l’orgueil, la préservation de la sacro-sainte estime de soi, l’entêtement buté, la lâcheté et le refus obstiné de baisser sa garde en admettant, en révélant publiquement sa propre faiblesse et, de la sorte, en se mettant à nu et en prêtant son flanc à des critiques ou même à des attaques, président à ces réactions et à ces comportements aussi ridicules que nuisibles.
Hélas, les gens ignorent que se remettre en cause et faire amende honorable sont non seulement un signe de lucidité, d’honnêteté et de courage, de solidité intérieure, mais encore un enrichissement, une porte ouverte sur une possibilité, salutaire, d’évolution.
On le sait à présent, l’autiste souffre, à l’origine, d’un dysfonctionnement cérébral qui, à un âge tendre, a empêché l’élimination, dans son cortex, des neurones qui étaient en trop. Il en résulte, chez lui, un trop-plein de neurones et de connexions inter-neuronales qui occasionne une impossibilité de traiter convenablement les flots d’informations qu’il reçoit, devenues trop chaotiques.
Or, on le sait aussi maintenant, il en va de même (quoiqu’ à un moindre degré) pour l’individu surdoué, lequel (comme par hasard !) présente des tendances introverties, voire asociales indéniables.
De même, autiste Asperger et surdoué ont un type de mode de pensée tout à fait particulier : la pensée associative et intuitive, fulgurante, qui fuse de manière constante tout en se ramifiant sans cesse, et parvient à relier entre elles des données qui, à première vue, n’ont pas grand-chose à voir entre elles.
Se pourrait-il que la condition de surdoué soit, en quelque sorte, un stade intermédiaire entre la normalité et l’état autistique d’Asperger ?
Ce qui semble aller de soi, c’est, justement, ce qu’il faut le plus interroger, et « décortiquer » sans relâche.
Bousculer les évidences les plus basiques, pour repartir de (presque) rien. Se méfier comme du choléra de l’empreinte des habitudes, si profonde soit-elle. Débroussailler (autant que faire se peut) les taillis d’automatismes de la perception et de la pensée qui nous séparent de toutes les autres facettes du réel et nous en barrent le chemin – pour se rapprocher, le plus qu’il soit possible là encore- de la place nette. Reconquérir, en quelque sorte, l’œil neuf et le regard inédit, poreux à l’extrême, du jeune enfant potentiellement ouvert à tous les aspects, à toutes les formes et à tous les objets (accessibles) de la connaissance.
Voilà ce qui aide à l’émergence de prises de consciences nouvelles.
Mais en même temps, voilà qui fait peur, car cela ébranle l’être.
Peut-être faut-il s’appuyer sur un certain degré d’excentricité, d’anomalie (tels, par exemple, celles qui caractérisent certains génies créatifs et certains autistes) pour parvenir à voir, comme le disait Arthur Rimbaud, « ce que l’homme a cru voir »…
P. Laranco