Je ne vais ce matin pas faire un long billet mais je vais en quelques mots vous parler de Florange et de l'accord entre Mittal et le gouvernement.
D'abord il faut se rappeler d'où l'on vient et le moins que l'on puisse dire c'est que les perspectives n'étaient pas joyeuses en septembre dernier.
Rappelez vous qu'il y a 2 mois Mittal avait fixé un ultimatum au gouvernement, oui oui, un ultimatum, en lui donnant 2 mois pour trouver un repreneur pour les seuls hauts fourneaux et qu'il n'entendait rien négocier. Si le gouvernement ne trouvait pas de repreneur :
- Il fermait définitivement les hauts fourneaux
- Pas un centime d'investissement
- Mettait en place un plan social
- Les 650 salariés concernés se seraient retrouvés sans emploi
- Pas de plan social
- Les hauts fourneaux sont maintenus en l'état
- Pas de licenciement
- Investissement de 180 millions d'euros sur 5 ans
Le résultat est donc net et sans bavure, pour Mittal c'est une défaite cuisante il a cédé sur tout et pour le gouvernement c'est une victoire du politique sur l'économique, indéniablement Mittal a capitulé sur l'ensemble des points. C'est un beau succès pour les ouvriers qui se sont battus pour leurs emplois qui vont être sauvés.
Alors bien sûr cette solution au regard du passé de Mittal notamment à Gandrange et à Liège ne plait pas à tout le monde, la nationalisation temporaire est jugée préférable par certains (dont je fais partie) et la revente à un repreneur se serait faite par la suite. Malgré mon sentiment mitigé, je relève des points positifs : "Les moyens de pression ne disparaissent pas avec l'annonce d'aujourd'hui. Si Mittal se comportait comme un homme qui ne respecte pas sa parole, il y a des moyens de pression", a-t-on déclaré dans l'entourage du chef de l'Etat."
"Ces engagements d’ArcelorMittal sont inconditionnels. Le gouvernement veillera à ce qu’ils soient respectés scrupuleusement. Il utilisera tous les moyens nécessaires en cas de non-respect".
Ces éléments sont très importants si toutefois le gouvernement se donne les moyens de contrôler l'application du protocole. Si ce n'était pas le cas alors cet accord n'aurait servi à rien.
Et puis n'oublions pas que la vie politique est faite d'alternance et que la couleur du gouvernement peut changer et les priorités aussi....en 2009 sauver Gandrange n'en n'était pas une pour Sarkozy.
Pendant ces dix derniers jours, Arnaud Montebourg a beaucoup mouillé la chemise, brandissant la menace de la nationalisation de tout le site et il avait semble t-il trouvé un repreneur. Certains voient dans la décisions d'hier comme un désaveu par Ayrault et Hollande de l'action de Montebourg, personnellement j'ai tendance à penser que la pression sur Mittal mise par Montebourg a obligé l'homme d'affaires à négocier et à céder sur ce qu'il ne voulait ni négocier ni céder il y a seulement 10 jours. Pour Montebourg c'est sans doute une satisfaction personnelle pour lui que d'avoir contribué à sauver 650 emplois et cela permet de respecter l'un des engagements de François Hollande qui était de sauvegarder les emplois des ouvriers sur le site même de Florange. Le plus dur pour lui sera sans doute de faire le SAV d'un accord avec Mittal, Mittal qu'il a tant décrié ces derniers jours, mais faisons lui confiance pour "retomber sur ses pieds". Enfin, je ne peux pas ne pas rappeler que dans des conditions identiques, Sarkozy n'avait pas fait grand chose sur le site de Gandrange fermé en 2009 par Mittal malgré ses promesses et les belles paroles de Sarkozy non suivi d'effet. François Hollande, lui, a respecté sa parole mais dans 5 ans sera t-il encore là pour vérifier si les engagements finaux auront été tenus par Mittal, 21 ème fortune mondiale estimée à 16 milliards, nul ne le sait.
A Perdre La Raison