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Publié le 01 décembre 2012 par Oshimoto

Extension du domaine de l'art

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13 février 2012 · 15 h 00 min Sauter aux Commentaires

La Poétique de l’espace / Galerie DDC

Au numéro 75 de la rue des Archives, en plein cœur du Marais, se découpe une porte cochère. Une fois franchie, le promeneur curieux ou averti découvre un petit passage pavé. À travers la porte vitrée d’un ancien atelier, il aperçoit un alignement de petites boîtes contenant des objets étranges à première vue, pas immédiatement définissables, intrigants mais attirants. Alors il ouvre la porte et plonge au cœur d’un « espace poétique », tel que l’on conçu les galeristes Victoire de Charrette et Pauline Daniez, auxquelles Laurent Mueller a confié l’espace (réel) de sa galerie. </a> <!–more–>

En effet, à l’instar d’une divinité indienne aux multiples bras et visages, Pauline ne se contente pas de voir des expositions et d’en parler ici-même, elle en organise également avec sa charmante comparse Victoire. Faisant leurs les idées développées par Gaston Bachelard dans La Poétique de l’espace, elles ont décidé de confronter, dans le cadre de cette exposition, dessins et sculptures. La mise en regard de ces deux mediums tend à dégager des problématiques communes, non seulement formelles mais aussi conceptuelles.

Les petites boîtes ayant retenu notre attention à l’entrée de l’exposition sont les Réminiscences de Mathilde Roussel. À l’intérieur, l’artiste a disposé des éléments confectionnés à partir de matériaux variés – tissu, coton, fil, bois,… – ; leur précaire préciosité rappelle d’enfantines boîtes aux trésors ou à secrets. Sur la gauche, ses papiers découpés repoussent les classifications techniques. Du dessin mais pas seulement. Les entailles réalisées dans le papier créent une véritable volumétrie, la forme se détachant du fond à la manière d’un bas-relief.

Mathilde Roussel, Réminiscence 6, pâte à papier, graphite, laine, boîte cadre, 21 x 21 cm

Mathilde Roussel, Anatomia Botanica 2, cutpaper, graphite, 56 x 76 cm

Au rez-de-chaussée se déploie ensuite un dessin mural exécuté in-situ par Charlotte Pringuey-Cessac. Celui-ci fait corps avec l’espace, le définie et l’habite en même temps, nous en donnant une perception nouvelle. Ce jeu sur les sensations est encore à l’œuvre dans ses Melancholiace. Ces sculptures en charbon de bois sont taillées en diamant, comme des pierres précieuses, mais leur éclat mat trahi, non sans une certaine mélancolie, leur – relative – pauvreté.

La monochromie du travail de Charlotte Pringuey-Ceyssac cohabite avec les paysages désolés de Kristina Heckova. Ses arbres noirs, tristes silhouettes mortes ou brûlées aux branches nues, se découpent sur des ciels ténébreux.

Kristina Heckova, Série noire, encre sur papier, 23,5 x 16,5

À l’étage, les Chimères de Lucas Ruiz, entre animaux fantasmagoriques et hybrides surréalistes, nous font pénétrer dans un autre monde, un autre espace, celui de l’imaginaire et de l’onirisme. L’œil se perd dans les méandres de ces corps noueux dont le dessin au fin tracé révèle une technique exigeante, virtuose. En face, les petites encres d’Anaïs Ysebaert – une tête lunaire, une tête sans corps, des êtres aux membres difformes ou atrophiés, … – poursuivent cette exploration d’un espace intime, insaisissable et inquiétant.

Lucas Ruiz, Le Bonheur, encre sur papier, 35, 5 x 27, 5

Anaïs Ysebaert, Sans titre, encre de Chine, 7 x 5,6 cm

Tissant des liens entre intériorité et extériorité, présence réelle et imaginaire, l’espace de la galerie devient celui expérience sensorielle et mémorielle.

Elodie Voillot.

La Poétique de l’espace, carte blanche à la galerie DDC, galerie Laurent Mueller, 75, rue des Archives, jusqu’au 18 février

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