Selon lui, on assiste, quelle que soit la couleur politique des gouvernements, à une inflation des peines. Elle
s'accompagne de dérives à toutes les étapes de la procédure. La France se dote d'un arsenal juridique toujours plus fort, mais combien de lois votées sont réellement appliquées ? Combien de
celles qui sont appliquées se révèlent utiles ? Est-il vraiment utile d'aggraver les peines desdélits les plus mineurs, au point de devoir inquiéter le citoyen ordinaire ?
Cette frénésie sécuritaire semble plus motivée par le désir de flatter l'opinion publique et la soif de médiatisation
de certains politiciens. Dès qu'un crime fait trembler la télévision, un député se lève pour proposer une loi sévère, alors que, la plupart du temps, cette loi existe. Résultat paradoxal, la
répression automatique engendre de nouvelles formes de délinquance, comme on le constate en matière de sécurité routière et de trafic de stupéfiants. Les peines planchers et l'emprisonnement
systématique semblent n'avoir aucun effet positif sur les chiffres de la récidive.
De sa réflexion, nourrie par l'expérience et des chiffres éloquents, Xavier Lameyre tire une conclusion alarmante : de
ces lois bâclées, souvent inutiles, ne vient aucun résultat efficace et, c'est l’État lui-même qui sort pratiquement et moralement affaibli de cette politique indigne d'une République
humaniste.
Bio : Xavier Lameyre, né en 1956, est vice-président de l'application des peines au Tribunal de Grande Instance de Paris. De plus, il enseigne les sciences criminelles à l'université Paris II.