La banalisation du VIH liée au succès des antirétroviraux et à l'allongement de la survie des personnes vivant avec le VIH nuirait-elle aujourd'hui à la prévention, en particulier chez les jeunes ? Car l'évolution de la connaissance et de la perception du risque du VIH/sida et des comportements de prévention montre « un relâchement » chez les jeunes, de moins en moins nombreux à connaître des personnes vivant avec le VIH. Ces conclusions de la dernière enquête ANRS-KABP présentée dans le Bulletin hebdomadaire de l'Institut de veille sanitaire (InVS appellent à redoubler les efforts de communication.
Six vagues d'enquêtes ANRS-KABP ont été réalisées par téléphone entre 1992 et 2010, auprès de plus de 18.000 Français âgés de 18 à 54 ans, couvrant ainsi l'évolution des connaissances sur une vingtaine d'années.
Des jeunes (18-30 ans) moins bien informés que leurs aînés : Une moins bonne connaissance des modes de transmission du VIH et de protection se fait jour chez les jeunes, moins nombreux également à connaître dans leur entourage une personne vivant avec le VIH. En bref, le sida fait moins peur, donc on s'informe moins. Ainsi, si, globalement, depuis 1994, plus de 99% des répondants savent que le VIH se transmet lors de rapports, 24,3% des Français pensent que la transmission peut se faire par une piqûre de moustique, et c'est 10% de plus qu'en 1994. Le score de connaissance des modes de transmission est en moyenne plus faible en 2010 qu'en 1994 et la plus grande méconnaissance revient aux jeunes âgés de 18 à 30 ans (Voir courbe ci-contre).
Le préservatif est perçu comme moins efficace et son lien avec les enjeux préventifs moins nets, notamment de la part des jeunes. Les jeunes, qui utilisent plus systématiquement le préservatif ont peut-être été plus souvent confrontés à des expériences de rupture, expliquent les auteurs. Enfin, si 94% des Français reconnaissent le préservatif comme un moyen efficace pour se protéger, le VIH n'apparaît plus aujourd'hui comme l'enjeu principal des comportements de prévention, et si le préservatif toujours utilisé lors des premiers rapports sexuels, il l'est moins en revanche lors du dernier rapport sexuel.
Une banalisation du VIH et un relâchement des comportements qui appellent un renforcement des stratégies de communication et de prévention, en particulier chez les jeunes et chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et de l'accès au dépistage et au diagnostic précoce. Car les dernières données épidémiologiques font état d'une épidémie toujours active en France, en particulier chez les HSH et les migrants d'Afrique subsaharienne. Les IST, l'incidence de l'hépatite B aiguë et les IVG progressent aussi, montrant l'importance des enjeux de santé sexuelle.
Source : InVS BEH 1er décembre 2012 / n° 46-47 (Visuel © dalaprod - Fotolia.com)
Lire aussi :VIH: Vivre avec c'est encore avoir peur d'en parler -