a Bibliothèque nationale de France organise, entre autres, le dépôt légal qui est, comme son nom l'indique, une obligation légale. Définition par la BNF elle-même.
« ...collecter au titre du dépôt légal, dès lors qu’ils sont mis à la disposition d’un public, les documents imprimés, graphiques, photographiques, sonores, audiovisuels, multimédias, quel que soit leur procédé technique de production, d’édition ou de diffusion, ainsi que les logiciels et bases de données, quelle que soit la nature de leur support. Il en est de même pour les signes, signaux, écrits, images, sons ou messages de toute nature faisant l’objet d’une communication au public par voie électronique (Internet). ».
Bref, elle garde un trace de tout ce qui se publie chaque année, ou presque, Se dessine une carte « volumétrique » différente de la vision plutôt comptable qu'offrent les statistiques du ministère de la Culture, par exemple. A cet intérêt analytique, la BNF ajoute le caractère patrimonial du dépôt, l'intérêt pour la recherche universitaire et la trace certaine qu'il constitue en cas de litiges, voire procès.
Les livres sont appelés « notice », non par souci de distinction mais parce qu'une notice peut recouvrir parfois plusieurs ouvrages.
Concernant le livre papier, les statistiquesde publication des nouveautés sur trois ans, plus particulièrement – 2009, 2010, 2011 – montrent une baisse de 2,92% % entre 2009 et 2011, ce que la BNF explique par « la poursuite du développement de l'autoédition (12 % des dépôts en 2011), favorisée par des technologies numériques d'impression désormais à la portée de tous. » . Les auteurs auto-édités représentent près d'un quart des dépôts aujourd'hui (22 %).
L'examen des dépôts légaux selon la classification Dewey, - modalité de classement des livres très répandue dans les bibliothèques – montre que les Généralités – encyclopédies, ouvrages sur la presse, l'édition, l'informatique, la bibliophilie – baissent de 18%, entre 2009 et 2011 donc.
Le dépôt d'ouvrages consacrés à l'Histoire et géographie et les Biographies est en baisse de 2,8% ? comme celui des livres de Philo et psycho qui baissent également, de 2,4%, Religion et Théologie se maintiennent.
Baisse conséquente pour les ouvrages de Sciences Sociales, 5,6% et plus forte encore pour les Arts, jeux et sports, - 6,8%. Les nouveautés consacrées aux Sciences pures se cassent la figure avec - 26,7% ; baisse également dans les Sciences appliquées, - 15;5%.
Par contre les dépôts d'ouvrages concernant la Littérature et les techniques d'écriture sont en hausse de 4,9% et celui des livres Jeunesse, + 2,2%. Les Livres Scolaires se maintiennent.
Le gros morceau est traditionnellement constitué des ouvrages de Littérature et techniques d'écriture avec 28485 dépôts en 2011, soit 41,55% des nouveautés déposées. Disparité à l'intérieur de cette grande catégorie.
Le Théâtre est en hausse, toujours par rapport à 2009 avec +5%, les Essais et l’histoire littéraire se maintiennent. En hausse également la Littérature jeunesse, + 3,9%, la BD, +10,2%, le Roman et la Fiction romanesque, +5,5%. La Poésie est en baisse, malgré un rebond en 2010.
Autre regard. D'après les chiffres (2010) donnés par la Culture, les nouveautés et réimpressions de livres, en nombre d'exemplaires publiés, sont à égalité ou presque. Le C.A. de l'édition se maintient, ou à peu près, depuis 2007, avec 2,8 milliards. Si l'on regarde sur 10 ans, il a grossi de 25%. Le tirage moyen est le même depuis 10 ans, mais il a baissé de moitie si on revient 35 ans en arrière. Et 50% des gens n'ont pas lu un livre dans les six derniers mois.
Bref, le chiffre d'affaires se maintient, au prix d'une impasse de plus en plus forte sur les nouveautés dans les secteurs moins vendeurs. On conforte les habitudes du public, on appuie sur les recettes, les auteurs, les domaines éprouvés. Au risque d'assécher aujourd'hui le vivier de demain et de fermer le public à la création et la réflexion.