Pèlerinage à Cincinnati!

Publié le 30 novembre 2012 par Sixverges

Les musulmans vont à la Mecque. Pour J-R le lieu sacré à visiter, c’est le Paul Brown Stadium!
Après un voyage mémorable, mais organisé à la sauvette l’an dernier, nous avions convenu de s’y prendre plus à l’avance pour planifier un voyage de football cette saison. N’empêche que je ne m’attendais pas à recevoir un e-mail dès le lendemain de la sortie de la cédule de la NFL….
Le courriel de l’ami J-B, organisateur non-officiel de ces événements était succinct :
« Samedi 24 novembre : Michigan à Ohio State
Dimanche 25 novembre : Oakland à Cincinnati
Embarques-tu? »
Pour le partisan invétéré des Bengals qui écrit ces lignes, ce n’est pas l’envie qui manquait. Mais bon, Cincinnati, ce n’est quand même pas à la porte. Sauf que ces considérations n’ont pas pesé lourd dans la balance, le rêve un peu fou d’aller voir jouer mon équipe à domicile l’emportant largement.

Premier arrêt : Canton
Pause appréciée sur le long trajet, le temple de la renommée du football a constitué le premier arrêt du voyage. Disons-le tout de suite, l’endroit ne vaut pas la peine de faire un détour pour s’y arrêter. Dans notre cas, c’était sur le chemin, mais le musée est globalement décevant.
La salle des bustes de tous les intronisés constitue sans l’ombre d’un doute la pièce maîtresse de l’endroit. Par ces visages gravés dans le bronze, les amateurs de football revivront nombre de bons souvenirs. Également, les vieux uniformes, particulièrement les minuscules épaulettes, permettent de mesurer l’évolution du jeu et se trouver face à face avec le trophée Vince Lombardi n’est pas rien. Autre point positif, il y a un effort réel d’effectué pour représenter toutes les équipes de la NFL. Vous trouverez assurément quelques articles de votre équipe favorite.

Par contre, plusieurs salles sont banales et ne semblent pas suivre une direction précise. Même des salles à la thématique claire comme la galerie hommage au Super Bowl sont correctes, mais sans plus. Disons que le potentiel m’apparaissait nettement plus grand que ce qui nous est présenté. Il faut cependant avouer que j’ai bien apprécié le rappel d’un moment d’anthologie du Super Bowl XLII ainsi que cette oeuvre-projection, on ne peut plus réaliste à mon avis, d’un jeune visiteur de la section interactive qui permet de créer ses propres bagues du Super Bowl!


Même Montréal se retrouve au temple, pas pour parler de la CFL, mais bien des incursions de la grosse ligue au Canada. Dans les années 60, les Alouettes et d’autres formations du circuit canadien ont disputé des rencontres d’exhibition contre leurs rivaux du sud de la frontière. Comme on le voit, les techniques de marketing de l’époque étaient plutôt modestes!

En bref, la visite du temple de la renommée ne passera pas à l’histoire, mais si vous êtes déjà en Ohio, ce n’est pas la pire façon de passer du temps non plus.

Destination Cincinnati
Je reviendrai sur la très intéressante expérience universitaire à Columbus dans le tailgate de dimanche, mais passons tout de suite au plat de résistance, la visite au Paul Brown Stadium de Cincinnati.
Première constatation : les partisans des Bengals ne sont pas matinaux. Il faudra attendre 10h30 – 11h pour voir les stationnements se remplir, mais il faut reconnaître leur talent pour décorer des autobus, revêtir sans gêne un costume de tigre qui a l’air d’un vieux tapis des années 70 et pour multiplier les t-shirts aux slogans juvéniles comme « Cleveland sucks and Pittsburgh swallows » ou « If it’s Brown, flush it down ! ». Culture lorsque tu nous tiens!
Une fois dans le stade, il ne faut pas se surprendre que mon premier arrêt ait été à la boutique souvenir. J’étais comme un enfant dans un magasin de bonbons ou une fille dans un magasin de souliers, c’est selon! Gilet d’AJ Green, casquette, tuque, manteau de printemps, souvenirs pour les enfants, disons que je sais pourquoi je travaille cette semaine! Vu la réputation du propriétaire, j’avais une petite crainte tant sur le stade que sur la boutique, mais il faut admettre que les tigrés ont fort bien fait les choses. Le Paul Brown Stadium ne sera jamais le Cowboys Stadium, mais il n’a rien à envier aux autres bâtisses des villes comparables que j’ai vu.


Notre perchoir est dans les hauteurs, mais directement sur la ligne de 50. Je l’atteins juste à temps pour l’entrée de mon équipe sur le terrain. C’est durant le temps mort qu’est l’hymne national que je prends pleinement conscience De l’endroit où je me trouve. J’avoue une petite boule dans la gorge, rapidement évacuée avec un grand sourire de satisfaction. Honnêtement, je ne croyais jamais pouvoir un jour encourager mon équipe dans sa cour.
Malgré le retour de l’ennemi public # 1 de Cincinnati, malgré la poussée récente de l’équipe dans sa lutte pour une participation aux éliminatoires et malgré la journée d’automne parfaite que nous avons, plusieurs bancs demeurent vides. En fait, le match a été présenté devant la plus petite foule de la saison. Cependant, les partisans qui se sont déplacés sont très en voix.
Ils ne tardent pas à se manifester pour saluer par des huées senties l’entrée de Carson Palmer sur le terrain. Pour ma part, je ne peux me résoudre à huer le quart que j’ai toujours aimé et qui a sorti la concession de la médiocrité, mais je me joins sans retenue aux acclamations qui soulignent le sack de l’excellent Geno Atkins sur la première tentative de passe du pivot des Raiders. Pour Palmer, c’est le début d’une très pénible journée au bureau.
L’attaque n’est pas en reste, et Ben-Jarvis Green-Ellis galope sur 49 verges pour amener les siens à la porte des buts dès le 3e snap offensif. Il complète le travail et le massacre peut commencer. Les oranges et noirs sont partout en début de match et inscrivent des points avec une facilité déconcertante. Mes compagnons de voyage auraient souhaité une rencontre plus serrée, mais pour ma part, je me satisfais pleinement de cette performance quasi-parfaite. D’ailleurs, je ne suis pas le seul. Ce douteux meneur de foule non-officiel de notre section semble aussi apprécier le spectacle. On salue sa maman qui doit être tellement fière!

Seul bémol, je dois admettre que la chanson d’après-touché des Bengals semble avoir été volée tout droit d’un bar gai. Cependant, la finition « Who Dey, Who Dey, who are gonna beat them Bengals? Nooooooooooooooobody » est un classique qu’il me fait plaisir de répéter.
Dans l’esprit populaire, cette victoire facile passera à l’histoire pour la violente mêlée générale au dernier quart qui a vu l’expulsion de 3 joueurs et qui a enflammé le stade. Auparavant, mes tigrés avaient joué de chance, reprenant un jeu qui aurait pu être une échappée retournée pour le majeur par Oakland à cause d’un sifflet trop rapide de l’arbitre. La mêlée ayant été provoquée par un hors-jeu, l’essai à été rejoué pour une 3e fois et j’y ai retrouvé l’équipe qui, depuis un mois, vise la carotide de ses adversaires. Fuck la prudence, bombe à AJ Green sur un 3e et 11 profondément dans leur territoire, gain de 48 verges, et, quelques remise plus tard, touché de Gresham pour planter le dernier clou dans le cercueil du Silver & Black. L’opposition n’est pas forte depuis 2 semaines, mais la manière dont les Bengals font les choses, tant en défensive qu’en attaque me donne confiance.
La rencontre se termine comme elle a commencée, sous les huées dirigées à l’endroit de Carson Palmer. Le long trajet du retour vers le Québec m’attend, mais rien ne peux m’enlever le grand sourire que j’ai dans la face. Aidé par la victoire sans appel des locaux et la défaite des Steelers face aux Browns, mon pèlerinage à Cincinnati a été un franc succès.