Cela fait longtemps que j’ai refermé ce livre et plus ma réflexion avance, plus j’en conclus qu’il n’a ni queue ni tête. Le système des quatre histoires en parallèle ne m’a pas convaincue. J’attendais désespérément qu’elles finissent pas se rejoindre. Elles le font, mais d’une manière si artificielle et décevante, que je me suis demandée si ça valait vraiment le coup de les lire jusque là. De plus, les personnages ayant des parcours tout aussi glauques et lugubres les uns que les autres, ils sont facilement interchangeables et j’ai fini par tous les confondre, parce que je n’arrivais pas à replacer chacun dans son parcours. Pourtant leurs histoires, prises séparément, m’ont plutôt plues. J’ai tout simplement adoré l’histoire du dîner avec le patron (je crois qu’il s’agit du patron du père Patrick Neftels) qui tourne à la catastrophe à cause d’une sortie d’autoroute ratée et d’un mélange d’alcool et de médicament, et que le père en question essaye de rattraper en achetant un tableau à l’épouse de son patron lors d’une exposition dans une galerie. Burlesque et hilarant!
Quand à l’histoire de l’écrivain, je ne sais qu’en penser. Ses aventures d’écrivain, avec la recherche d’un endroit pour écrire qui paraît si loufoque à son entourage, ses explications sur la nécessité d’écrire et ses sentiments quand il le fait, tout cela m’a beaucoup plu. Même si toute les recherches, les découvertes concernant l’art ou encore l’économie m’ont paru très longues et bien trop complexe, j’admets que nous assistons réellement à un écrivain qui s’imprègne de la réalité pour donner ensuite corps à ses livres et j’ai trouvé cela intéressant. L’histoire de la mystérieuse conférence, elle aussi, m’a intriguée, jusqu’à ce que son mystère en soit complètement révélé et là encore, tombe complètement à plat.
Ce qui m’a rappelé qu’à plusieurs reprises, l’auteur raconte avoir été démoli par les spécialistes de critiques littéraires qui lui ont reproché de ne pas savoir écrire, d’être un écrivain de la classe moyenne, et il évoque aussi le mépris dont il fait l’objet de la part des grands pontes de la littérature, qui tourne presque au complot politique. Là, je grimace. Parce que bon, ce n’est pas un livre grand public, vu les acrobaties narratives auxquelles il se livre et surtout vu les références intellectuelles, culturelles et commerciales qu’il se donne. Tout le monde ne peut pas se payer le luxe de commenter une représentation de Médée à l’opéra ou d’être fasciné par les chaussures fabriquées par Christian Louboutin. Si Eric Reinhardt essaie de nous faire croire qu’il est un représentant de la classe moyenne qui tente d’infiltrer le monde aristo des auteurs, il va falloir m’expliquer pourquoi il a déjà vu des Louboutins en vrai et pourquoi il est qualifié de “doué comme c’est pas permis” et d’”époustoufflant” par sa propre quatrième de couverture qui cite les mots des journalistes du Nouvel Obs et de Télérama et se contente d’une laconique ligne qui ne présente rien de l’intrigue. De là à ce que je le trouve suffisant, voire méprisant, il n’y a qu’un petit pas…
La note de Mélu:
Perdue dans l’intrigue et agacée par l’esprit du livre.
catégorie “personne connue”