J’ai terminé ce livre en larmes. D’abord parce que j’aime les animaux, les chats en particulier, et que je sais à quel point leur comportement peut nous influencer et nous apprendre. Mais surtout parce que j’ai été touchée par l’angle de vue. Tout le monde adore les chatons, tout le monde adore les regarder en photo et vidéo sur internet et pourtant celui-ci aurait pu être euthanasié à 2 mois au lieu de vivre plus de dix ans en étant plus habile, plus câlin, plus débrouillard, plus sociable que n’importe quel autre chat.
Donc évidemment, l’histoire d’Homère m’a touchée, mais il en faut plus pour vous tenir en haleine pendant presque 400 pages. Et c’est là que Gwen Cooper montre son talent. Presque en philosophe, elle raconte son inquiétude perpétuelle pour Homère le chat qui n’a peur de rien, l’étrange sentiment de se sentir nécessaire à quelqu’un, de savoir qu’Homère l’aime inconditionnellement parce qu’elle est son repère et parce qu’elle l’aime aussi, elle analyse cette étrange relation qui nous lie à ce qui est certes moins qu’un être humain mais tellement plus qu’un animal.
Et toujours en philosophe, elle tire les leçons qu’Homère, être sans défense et condamné, donne à tous ceux qui l’entoure, en parvenant à ne jamais être handicapé par sa cécité, en allant toujours de l’avant là où tant d’humains se mettent tous seuls des bâtons dans les roues. Où qu’il aille, Homère suscite l’admiration, l’affection, l’entrain de tous ceux qu’il rencontre. Homère survit à tout: aux déménagements, aux cambriolages, même aux attentats de Manhattan! Et c’est grâce à Homère que Gwen apprend le courage, notamment le courage d’aimer.
Ajoutez à cela un talent évident pour le récit, le suspens de certaines scènes étant insoutenables: combien j'ai craint pour Homère coincé dans Manhattan un certain 11 septembre 2001 alors que l'accès au quartier était interdit à sa maîtresse! Combien j'ai craint qu'après avoir survécu à tout, il ne succombe à une stupide maladie ! Combien j'ai retenu mon souffle lorsqu'il feulait pour défendre sa maîtresse! Les pages ont filé à toute vitesse !
Et pour que vous compreniez mieux pourquoi j’ai autant ri, tremblé et pleuré pour Homère, il faut que je vous parle de Zelda, ma princesse à moi.
Quand la chatte de mes parents attendait des petits, j’ai dit à ma mère de choisir la plus belle et de me la réserver. Alors quand je l’ai vue pour la première fois à un mois et demie, il a été dur de la laisser finir son enfance près de sa mère:
Quand Zelda est arrivée chez nous, Djé D’Ail disait: “Les chats ne m’aiment pas, on ne se comprend pas”. Il faut croire que Zelda a su l’apprivoiser: il en fait ce qu’il veut:
Zelda a donc passé trois ans avec nous, suivant nos nombreux déplacements, le déménagement. Zelda joue avec ses souris en peluche, avec l’eau qui goutte au robinet, reconnaît son nom et répond (oui, à voix haute) quand on l’appelle. Elle s’est fait quelques blessures, arraché quelques griffes, a eu quelques allergies à l’anti-puce, a même fait un joli saut par la fenêtre du premier étage : je l’ai vue avec des pansements-chaussettes, de la pommade sur son dos sans poil, j’ai même vu ses petits os sur la radio, elle s’en est toujours remise.
Et puis un jour, Zelda a commencé à maigrir malgré sa faim, elle a commencé à se cacher derrière les meubles, elle a arrêté de jouer. Je l’ai donc emmené faire un bilan chez le vétérinaire. Le verdict est tombé: Zelda est diabétique, avec un taux de sucre dans le sang plus de cinq fois supérieur à la normale. Cas extrêmement rare chez un chat aussi jeune. Le seul traitement pour qu’elle retrouve une vie de chat normal: une piqure d’insuline à heure fixe matin et soir.
C’était il y a un peu plus d’un an. Depuis, j’ai entendu nombre de gens me dire: “Oh la la ça doit être contraignant…” “Mais du coup, tu ne peux pas la laisser, ou la faire garder” ou le traditionnel “Mais pourquoi tu la gardes?”
La réponse? En quelques semaines, à raison d’une piqure qui prend environ 1 minute 30 matin et soir (et qu’elle tolère très bien parce qu’elle me fait confiance), Zelda est redevenu la boite à ronron et à câlins que je connaissais: elle me suit, elle me recherche même, elle me console, elle me parle quand je suis seule, elle me regarde avec ses grands yeux qui ne demandent rien d’autre qu’un bol de croquette et beaucoup, beaucoup d’amour.
Et depuis environ une semaine, le taux de sucre de Zelda est redescendu à un niveau normal, preuve que son organisme profite du support des injections pour se réguler petit à petit. Elle n’a donc plus qu’une piqure le soir et le vétérinaire pense qu’elle pourra très bientôt s’en passer.
Alors évidemment, l’histoire d’un petit chat dont personne ne veut à cause de son handicap et qui apporte tellement à sa maîtresse, je l’ai lue avec Zelda sur les genoux et les larmes aux yeux.
La note de Mélu:
Un immense merci à Nara du forum Club de Lecture qui a fait voyager ce livre jusqu’à moi!
Titre original: Homer’s Odyssey (traduit de l’anglais)
Un mot sur l’auteur: Gwen Cooper est une auteure américaine qui vit maintenant à Manhattan avec ses trois chats. Toutes les infos, ainsi que des photos d’Homère, sur son site officiel.
catégorie “personne connue”