Max est un jeune mannequin qui pose pour les plus grands photographe. Son visage parfait, il le doit à un chirurgien qui l’a opéré étant enfant pour corriger son visage disgracieux. Sous contrat avec les plus grands, le voici pourtant qui plaque tout pour s’enfuir dans le Berry, dans la maison de son oncle perpétuellement absent. Il se rapproche d’une bande d’adolescents désoeuvrés : entre la drogue, l’alcool, les journées passées à ne rien faire, et les nuits dans la boite du coin, Max se laisse porter sans vraiment intégrer leur clan. Il se prête même à un cruel concours visant à coucher avec les filles les plus laides de la boite. Dérives adolescentes en mal de sensation fortes? Mais qu’a-t-il bien pu se passer au fin fond du Berry pour que plus tard, reclus à l’insu de tous dans une maison désertée, il ne songe qu’à d’étranges sabbats menés dans d’obscures traditions folkloriques qui se dérouleraient encore dans les bois noirs…
J’ai eu du mal à terminer ce roman. Non parce qu’il ne m’a pas plu, mais parce qu’il distille un malaise tellement étouffant que j’ai parfois eu du mal à le supporter. L’ambiance est glauque, sombre, malsaine: on ne sait s’il faut se moquer ou s’horrifier de ce groupe d’adolescent sans aucune morale, sans aucun repère. Max lui-même est un personnage difficile à sonder, lui qui pourrait vivre dans la superficialité totale et dont on se demande si cette fuite n’est pas qu’un caprice de star. Les points d’interrogations qui jalonnent ses phrases en font un personnage complètement paumé, complètement obscur, sur qui les événements semblent ne pas avoir de prise, qui ne parle quasiment pas et qui ne laisse rien transparaître dans une impassibilité qui rend son entourage fou autant qu’elle les fascine. Apollon inaccessible ou véritable garçon en mal-être? Pour ma part, je n’ai pu me détacher de lui, de son étrange parcours, comme par une curiosité malsaine qui me poussait à vouloir savoir jusqu’où il était capable d’aller dans la destruction des autres, et dans sa propre destruction. Car le récit est divisé en deux parties: ce qui s’est passé autrefois avec ses amis du Berry et leurs jeux d’ados, et le moment où il écrit, seul, squattant une maison abandonnée, alors que tout le monde le recherche, après le premier sabbat… Qu’est-ce que ce sabbat? Pourquoi cela l’obsède-t-il autant? Existe-t-il réellement? Voilà les questions que je me posais et je n’avais de cesse de suivre ces deux histoires en parallèles avec avidité autant qu’avec difficulté. A cette ligne narrative éclatée, ajoutez un style nébuleux qui rend les errances émotionnelles du héros, les nombreux surnoms qui brouillent les personnages, allégés parfois par les messages sur répondeur des proches tentant de ramener Max à la réalité (et aux procès que son agence de photo lance contre lui pour désertion), vous obtiendrez un roman exigeant mais fascinant, très noir, jusqu’à une chute tout particulièrement réussie.
La note de Mélu:
Un grand merci à Laurent Trousselle pour m’avoir permis de découvrir ce roman déroutant!
Un mot sur l’auteur: Laurent Trouselle est un auteur suisse marqué par ses nombreux voyages.
catégorie “végétal”