Quand le baba "coule" le spectacle...

Publié le 30 novembre 2012 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Au Rond-PointClaude Aufaure, ancien fidèle de Laurent Terzieff, met en scène "J'ai passé ma vie à chercher l'ouvre-boîtes", texte autobiographique légèrement romancé de l'ex Robin des Bois Maurice-Domingue Barthélemy, évoquant son enfance dans les années 70 à Verberie, petit village Picard, élevé par des parents soixante-huitards et bohèmes. Sur le plateau, c'est Jean-Quentin Châtelain qui, en baba amorphe, incarne le narrateur. Fausse bonne idée...

Dans un style qui n'est pas grand mais fluide et plaisant, l'auteur dépeint une famille folklo à souhait et égraine mille anecdotes du quotidien agité de la tribu. Il pose un regard amusé, tendre, distancié sur une époque durant laquelle il eut du mal à trouver l'ouvre-boîtes... Et surtout des repères. Plutôt drôle.

D'où vient alors cet ennui incommensurable qui nous saisit quelques minutes à peine après le lever du rideau ? Des choix de mise en scène et d'interprétation, en dépit d'une équipe créative par ailleurs talentueuse. Paraissant sous l'emprise de l'intégralité des stocks de cannabis d'Ile de France, Jean-Quentin Châtelain, déroule son texte avec un débit d'une lenteur telle que l'on a oublié le début de ses phrases lorsqu'il arrive à leur terme (on exagère à peine). Un rythme d'autant plus inapproprié qu'il fait perdre toute sa malice et sa fraîcheur à la plume de Barthélemy. Totalement contradictoire ensuite, selon nous, l'idée de mettre ces propos dans la bouche d'un néo-hippie. Ils sont en effet ceux d'un individu relatant et commentant une façon de vivre qu'il ne peut avoir adoptée à l'âge adulte. Cela ne fonctionne pas.

Paradoxalement, l'ouvrage originel d'une remarquable concision (50 pages) publié en 2001 donne naissance à un spectacle terriblement longuet bien qu'il ne dure qu'une petite heure vingt.

Dommage.

Photo : Mario del Curto