L’écosocialisme n’est rien d’autre que la doctrine du mouvement socialiste refondée dans le paradigme de l’écologie politique.[ …] La grande différence avec le passé, c’est qu’on va s’intéresser au contenu : ce qu’on produit, pourquoi on le produit, comment on le produit.[ …] La dette écologique, elle, a une réalité objective. (Jean-Luc Mélenchon)
Entendons nous bien, je ne suis pas l’avocat de Mélenchon, il a quelqu’un(e) pour ça. Et je sais en outre très bien conserver mon sens critique, surtout quand le personnage qui défraie régulièrement la chronique (normal : quand on agit et parle autant, il y a forcément quelques couilles dans le potage…) sort des conneries que je ne partage pas. Cependant, entendre tant de logorrhées verbales qui relèvent de la discussion de café, et voir écrire tant de pages entières dépensées en pure perte sur google dans un fatras invraisemblable de billets, de commentaires et d’articles de sites d’information pour deux malheureuses phrases prononcées parmi des centaines d’autres en une semaine, voilà qui me fait franchement sourire. Tout comme son auteur, je suppose… Lui qui aime bien, plus (trop ?) souvent qu’à son tour, agiter le verre d’eau qu’est le microcosme médiatique et politique pour que s’y crée un tourbillon… Duquel tous ne ressortent pas indemnes. De quoi parlons nous ici ? De cette histoire de Mélenchon premier ministre et de Hollande en Louis XVI (16 pour les non pratiquants du culte romain). Et dire qu’il y a des gens pour en tirer des conclusions toutes plus puériles les unes que les autres… Venant de surcroît d’interprétations sauvages et tronquées puisque les phrases sont (habilement : les propagandistes favoris du PS y veillent, qui ont tout à craindre de Mélenchon et de nos idées… Et Mélenchon le sait) sorties de leur contexte. Rendez-vous compte… Pour ce qui concerne la première histoire, dont l’origine est un interview particulièrement intéressant donné par le co-président du Parti de Gauche à Rue89, retranscrit en 7 pages format A4, on y évoquait plus longuement des questions comme l’écosocialisme (« Le capitalisme ne peut pas être vert »), en prévision des assises de ce week-end, la source d’inspiration qu’est pour lui l’Amérique Latine, ainsi qu’une vision de la structuration du paysage politique et des changements qui s’y opèrent ( « Quelque part, quelque chose va se bloquer »), tout ce qu’en retient donc un journalisme (et des blogueurs..) paresseux et peu enclins à l’analyse et à l’exégèse d’un discours politique complet, détaillé et pensé, c’est une phrase : « Je suis prêt à être Premier ministre ». De qui ? Pourquoi ? Comment ? Quand ? Sous quelles conditions ? Ils s’en foutent… Et pourtant, nous pas ! S’il l’était pour appliquer les mêmes orientations que celles du gouvernement aujourd’hui, nous ne le suivrions pas ! Les démagos qui reprennent cette phrase en boucle pour le décrédibiliser y ont-ils déjà songé ? Prennent-ils Mélenchon pour un imbécile ? Moi pas.
Deuxième point : celui de la posture coupée du peuple de Hollande. Je n’aurai pas forcément décrit Hollande sous une posture aussi royale, mais Jean-Luc Mélenchon a tout à fait le droit d’utiliser les métaphores historiques qu’il veut pour désigner l’espèce de schizophrénie qui semble habiter un gouvernement coupé de son peuple et qui le démontre tous les jours en prenant des décisions qui vont à l ‘encontre de ses intérêts. Le plus emblématique est à ems yeux celui de la signature du TSCG, orientation austéritaire par excellence qui, comble de l’anachronisme, semble d’ailleurs aujourd’hui totalement remise en cause par les économistes les plus sérieux, et jusqu’à l’OCDE elle-même ! Cela ne donne-t-il pas raison au positionnement du Front de Gauche en général, et de Mélenchon en particulier ? J’aimerais donc que dans ces conditions on ne s’arrête pas aux petites phrases pour se concentrer sur l’essentiel.