Des observations récentes de la sonde Messenger confirment la présence d’eau glacée sur Mercure. Et cette eau glacée serait peut-être même emprisonnée sous une couche de matière organique…
Mercure est la planète plus la plus proche du Soleil, trois fois plus proche que notre planète la Terre. Difficile de concevoir la présence d’eau glacée avec une telle proximité de notre étoile. Sa température moyenne est de 169°C. Il y fait très chaud le jour, jusqu’à 426°C, et il comme il n’y a pas d’atmosphère, il y fait très froid la nuit, jusqu’à -170°C. Certaines régions sont même constamment plongées dans le noir. En effet, l’inclinaison de l’axe de rotation de la planète est quasiment nulle, moins de 1°, contre 23° pour la Terre. Il y a donc une assez grande région au pôle nord qui n’est jamais atteinte par les rayons du Soleil.
Ainsi, il y a déjà quelques décennies des spécialistes ont avancés la possibilité d’une présence d’eau glacée dans ces zones d’ombres. Cela s’est en partie confirmé en 1991 lorsque le radio-télescope Arecibo de Porto Rico à détecté des tâches relativement brillantes aux pôles de la planète. Des tâches indiquant une présence d’eau glacée de part leur façon de refléter les ondes radio. Mais beaucoup de ces tâches correspondait également à l’emplacement de grands cratères d’impacts précédemment cartographiés par la sonde Mariner 10 dans les années 1970.
Ceci dit, la sonde Mariner 10 n’avait cartographiée que 50% de la planète. Il manquait donc des données pour pouvoir confirmer complètement cette hypothèse. Mais les scientifiques disposent maintenant de données plus complètes et révélatrices de la présence d’eau glacée. Cela grâce à la sonde Messenger qui est en orbite autour de mercure depuis 2011.
Ce sont trois études indépendantes, publiées hier dans la revue Science, qui confirment donc la présence d’eau glacée sur Mercure :
- La mesure de l’excès d’hydrogène au pôle nord de Mercure grâce au spectromètre à neutrons
- La mesure de la proportion de la lumière qui réfléchit des dépôts polaires dans une longueur d’onde proche de l’infrarouge grâce à l’altimètre laser (MLA – Mercury Laser Altimeter)
- Le premier modèle topographique détaillé de la surface ainsi que la température de surface de la planète à partir des données de l’altimètre laser (MLA – Mercury Laser Altimeter)
Selon David Lawrence, un scientifique de la mission Messenger à l’Université Johns Hopkins à Laurel : « La glace d’eau se trouvant dans les régions polaires de Mercure atteindrait plus de trois kilomètres d’épaisseur si elle était étendue sur une superficie de la taille de Washington DC à savoir 117 kilomètres carrés. » Il pourrait ainsi y avoir entre 100 et 1000 milliards de tonnes d’eau glacée dans ces régions polaires, soit des centaines de milliers de fois moins qu’au pôle nord de la Terre. Les données indiquent par ailleurs que cette eau glacée serait quasiment pure. Mais ce n’est pas tout…
Cette dernière est enterrée sous un matériau sombre intriguant. En effet, toujours selon David Lawrence : « Nous estimons que selon les mesures effectuées avec le spectromètre, la glace se trouve sous une couche de 10 à 20 centimètres d’épaisseur d’un matériau sombre moins riche en hydrogène ». De la matière organique ? Possible, mais à ce stade aucune confirmation. Selon les scientifiques ce matériau pourrait être un mélange organique complexe provenant d’anciens impacts d’astéroïdes. Ce fameux mélange indispensable à l’apparition de la vie telle que nous la connaissons…
La Nasa, lors de sa conférence a cependant bien précisée «Attention, on ne dit pas qu’il peut y avoir de la vie. C’est même sans doute improbable». Mais de nombreuses questions se posent quand même sur ce « matériau sombre » et sa nature… Faudra-t-il une mission sur la surface de Mercure pour en savoir plus ?
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