CONTE DE NOEL.
Il était une fois un président ami des indiens.
Aussi reçut-il en grande pompe à l'Elysée des délégués Yananomami, ce peuple de chasseurs et de jardiniers de la forêt amazonienne. Sans doute était-ce un peu bizarre, ces indiens en coiffure d'aras et labret au milieu des ors de l'Elysée. On pardonnera au président d'en avoir appelé un "cacique», (chef ou roi). Habitué à la monarchie républicaine ,il ignorait sans doute que ces "primitifs" n'ont pas de chef mais des hommes influents dont le seul pouvoir est la parole ;chez ces « sauvages » les décisions sont collectives. Ni le président, ni ses conseillers ne pouvaient envisager bien sûr un tel exotisme.
Pourtant le président fut parfait: il fustigea, comme il se doit, les Brésiliens qui au nom de la croissance et du progrès, voulaient construire un barrage et continuaient à détruite leur immense forêt. Il promit son aide aux indiens. Les indiens hochèrent la tète, habitués qu'ils sont depuis leur rencontre, à écouter d'une oreille les promesses des « blancs ».
Dans le pays du président il y avait aussi des sortes de « primitifs » : certains sillonnaient les routes depuis des siècles, toujours regardés avec méfiance par les sédentaires,
.Il étaient souvent misérables mais se transmettaient de génération en génération une culture et des traditions.le président se disait volontiers « normal ». Aussi pensait il à l'insécurité que ces peuplades engendrent des qu'ils sont à proximité d'un village et surtout d'un parking de supermarché où ils devaient souvent camper, faute de terrains.. Heureusement le président avait un ministre au grand cœur, préoccupé de la sécurité du bon peuple..Aussi chargea-t- il celui-ci d'expulser tous ces gens et de les renvoyer de route en route vers leur lointain pays. "On ne pouvait quand même pas ,dit le ministre, accueillir tous les Roms du monde, comme avait prophétisé déjà un de ses illustres ancêtres de gauche "molle" . Tant pis si le président avait auparavant dénoncé comme barbare la politique identique de son prédécesseur..On l'a dit, le président n'était pas un indien mais le « cacique » d'un pays civilisé.
Dans le pays du président, il y avait un coin de forêts et d'eau. Un nom bizarre, Notre Dame des Landes qui évoquait la terre bretonne. Ce n'était pas la forêt amazonienne mais quand même des chênes et des hêtres centenaires, des étendues d'étangs et de marais où vivait une faune évidemment inutile. Il n'y avait plus de chasseurs cueilleurs mais des « jardiniers » à l'instar des indiens, qu'on appelait parfois « Paysans bios ».Le premier ministre du président n'était pas brésilien mais il il partageait leur idée de la croissance et du progrès. Il avait même des visions, comme en ont les indiens : dans son rêve il entrevoyait non des forêts, des jaguars et des singes hurleurs mais une immense étendue de Béton, d'où s'envoleraient des myriades d'avions.
Il détestait le nom du lieu évoquant des landes sauvages ; il détestait les habitants primitifs , évoquant facheusement les gardiens de moutons d'un désert, nommé Larzac, . Ils étaient restés obstinément à l'écart du progrès, tellement ,qu'ils avaient fini par lasser le pouvoir et garder leurs désert. Les « primitifs », cette fois étaient à portée de sa belle cité . Sa vision d'homme d'Etat s'agrandissait à l'échelle d'une immense ville, dévorant tout le territoire, se développant sans cesse..Ce qui resterait ne serait plus que terre vierge sans jardiniers où il pourrait sans contrainte épandre les déchets et les boues de sa ville,au lieu de devoir louer des terres agricoles pour le faire. .Il envoya alors des sortes de cosmonautes casqués et encagoulés, chasser les jardiners et décida de raser les forêts, de combler les étangs .Ses shamans(qu'en France, on appelait technocrates),lui certifèrent la bienveillance des "esprits banquiers" et du dieu CROISSANCE dès lors que les Airbus remplaceraient,vaches,hérons et poules d'eau.
Comme les indiens ,comme les bergers du Larzac, les "jardiniers" décidèrent ,contre toute raison, de se soulever et d'alerter le monde sur la confiscation de leurs terres.
Il avaient compris le message des indiens, mieux que le Président.
Au dernière nouvelle, la présidente du Brésil envisage de recevoir les "jardiniers "pour fustiger l'ethnocentrisme et la folie destructrice des francais.A l'instar du président,va t-elle cette fois encore promettre son aide?.C'est,en effet, bientôt NOËL.