A l’occasion de la Semaine des Business Angels, qui aura lieu du 26 au 30 novembre sur tout le territoire, nous faisons le point sur la situation de l’amorçage dans les startups avec Philippe Gluntz, président de France Angels qui fédère 82 réseaux d’investisseurs dans les startups.
Philippe Gluntz, président de France Angels. © Erdyn
La crise affecte-t-elle les Business Angels (BA) ? Jusqu’à présent, la crise n’a pas remis en cause la progression régulière des investissements et du nombre de BA, soit 4 500 (+ 500 cette année), dans les 82 réseaux régionaux. A cet égard, la France est le pays d’Europe qui compte le plus grand nombre de réseaux, devant le Royaume-Uni (40) et l’Allemagne (42). Une tendance : les réseaux se regroupent pour devenir plus puissants au niveau local. Pour la première fois, il pourrait y avoir une baisse des investissements au second semestre en raison de l’incertitude liée aux mesures fiscales que le gouvernement est en train de concocter. En 2011, 320 sociétés (+10%) ont été financées sur 6 à 7 000 dossiers reçus ! D’où la nécessité d’augmenter le nombre d’investisseurs. Quant à l’investissement total direct, il s’élève à 45 millions d’euros. En comptant l’effet de levier des fonds régionaux, on arrive à 120 millions d’euros.
Comment intervenez-vous ? Les Business Angels investissent à plusieurs dans la même société. En moyenne, ils sont 6 ou 7 et, dans certains cas, jusqu’à 20 ! C’est l’avantage de travailler en réseaux : on augmente le »sourcing » mais on coopère aussi à plusieurs personnes de spécialités et d’horizons différents afin d’évaluer et sélectionner les dossiers sur lesquels investir. A la fin, on crée un petit groupe d’investisseurs qui accompagne le démarrage de l’entreprise. Chaque personne investit, en moyenne 15 à 17 000 euros. Il y a des tours de tables à 150 ou 160 0000 euros, voire 350 000 euros et au-delà.
Avez-vous de nouveaux outils ? Nous avons créé des Siba (Sociétés d’investissement de Business Angels) dont les actionnaires sont des membres de notre réseau associatif. Gérées de façon bénévoles par les BA, elles complètent le financement des personnes individuelles du réseau. Dans certains cas, on obtient ainsi 100 à 200 000 euros de financement supplémentaire. Et l’on peut arriver jusqu’à 600 000 euros ! Parfois les réseaux d’une même région co-investissent. Dans 9 régions en France, il y a même des fonds publics de co-investissement qui travaillent avec les Business Angels. Et un fonds important est en train de se constituer avec le FNA (Fonds national d’amorçage). Lequel interviendra pour compléter les tours de table dans les dossiers technologiques qui réclament beaucoup d’argent.
Qu’en est-il des incitations fiscales ? Il y avait deux types de réduction fiscale. Tout d’abord, l’ISF PME (impôt sur la fortune) qui reste maintenu et permet de déduire de l’impôt 50% de l’investissement jusqu’à un plafond de 45 000 euros – plafond que nous jugeons trop bas. Ensuite, il y avait le dispositif Madelin, à savoir un taux de 18% de réduction de l’impôt dont le plafonnement, en cours de discussion, est de 10 000 euros. Aussi bien pour la nounou ou la femme de ménage que pour investir dans les startups. Certes, 50% de nos membres paient l’ISF. Mais les mesures actuellement évoquées par le gouvernement risquent d’affecter la moitié de nos membres ! Or la déduction fiscale est une réelle carotte pour démarrer dans l’activité de Business Angel. Ensuite, il y a la motivation à participer à une nouvelle aventure entrepreneuriale et à transférer notre expérience. Nous sommes tous originaires d’une région donnée et cherchons à y créer de l’emploi.
© Erick Haehnsen