SAUTER LES CLOTURES DU QU’EN DIRA T-ON.
Le terre à terre dans l’errance
Nous amène à forclore l’horizon
Il n’a même pas les couleurs
De l’exil
Comprendre l’étranger
Lorsqu’il rêve de ne plus se terrer
Dans la gueule de la misère
Ni dans les griffes
De la tyrannie
Le comprendre et se dresser
Dans une parole non muette
Contre tous les murs
De l’indifférence
Se dresser
Entre chaque maillon
De ce qui enchaîne
Entendre
Les voix de l’inconnu
Quand elles soufflent – anonymes
Sur les voiles d’un bateau en détresse
Dans une mer étale parce que sans vent
Pour toutes ces traversées
Du mystère vers
Un lointain défait
Nous tendons
Nos mains
Vers
Ceux qui ouvrent par éclairs
Des chemins au creux
De l’obscur
Tant d’azurs n’attendent pas
Qu’on les porte à
Nos fenêtres
Ce sont ceux
De l’exil relevé
En plein cœur de
La citadelle oublieuse
Et si nous nous barricadons
Derrière notre propre
Misère
Si nous ne l’écoutons pas
Quand elle nous lance
Ce chant vers
L’arbre aux
Oiseaux
Quand nous nous croyons libres
Comme sur une île
Sans départ
Ni arrivée
Quand nous ne déployons pas
Nos propres chants
Pour de véritables
Printemps fertiles
A venir après
Les tourbillons
Des feuilles
D’automne
Après le repos glacé
De la nature…
Nous en viendrions à trahir
Nos propres rêves
Issus de notre
Jeunesse et
De sa soif de
Nouveautés
Ah, que le vent se lève
Au cœur sans cœur
De nos vies sans
Rêves
Qu’il accompagne
Le bruit léger
Des seuls errants
Ceux-là mêmes
Des impossibles mais réels
Voyages vers nos villes
Et jusque dans leur sein
Et si des jeunesses n’accourent pas
Au tintamarre des promesses
Qu’on leur fait
Si leur musique peut faire orchestre
Jusqu’au lieu le plus retiré
De notre pays à la chair
Blessée
Ne saurions-nous faire en
Faire écho pour toute
La sueur et le sang
Qui traverse
Notre propre terre
De prétendue cocagne
Où insiste aujourd’hui
La triste glu de
La misère
Ils parlent – parlent encore
Et en corps serrés
Les aficionados
De la vertu
Ensanglantée
Au mur des arènes
Or il n’est pas de scène
Administrée du partage
Et de la compagnie
Il y a ce champ clos
Où se pavanent toujours
Les mêmes monstres
Froids
Ah, n’écouter que nos propres rêves
Pour de nouveaux pas en avant
Pas non comptables
Mais lancés
Comme se lance un cheval
Pour qu’il saute
Les clôture du
Qu’en dira-t-on
Elles sont érigées
Comme des murs derrière
Lesquels ne causent
Que les Hérauts dévots
Nous ne sommes pas dans ces couloirs
Où tout se parle sans nous
Où tout se décide
Hors de tous
Nos horizons
Où vous vous voyez
De fécondes ouvertures
Où vous ouvrez les portes
De la nouveauté
Ne les appelez pas
Ceux qui courent
Aux plus offrants
Car ils sont sans autre but
Ni chemin que
Celui de leurs
Sièges et
Prébendes
Si vous vous offrez vos
Propres durées
Si –infatigables –
Vous volez le temps vertical
Où ne hurle pas
Votre silence
Peut-être
Qu’en passant un accord
Avec le vent –
Les rives d’océan
Les neiges éternelles
Entendront vos voix
Partageuses
Et le pays
Des frères humains
Brisera les murs
Qui enchâssent
Misère et exil
Ô qu’il ne reste plus
De rives étroites
De chemins sans issue
De frontières sans partage
Qu’il revienne le printemps
Où l’errance sera relevée
Encore une fois
Par la fougue
De la justice
Et de la vertu
Sonnez ! Sonnez ! Cors de la jouvence
Au loin : pas de barbares
Si ce ne sont les complices
De la terreur et
De la confusion
Au loin est peut-être
Proche le chant
Qui répondra
A la nouveauté
Jusqu’au centre même
De nos cités percluses
Sonnez ! Ô sonnez
Cors de la jouvence !
Alain Minod