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[anthologie permanente] Zbigniew Herbert

Par Florence Trocmé

Les éditions Le Bruit du temps continuent leur superbe entreprise éditoriale autour de l’œuvre de Zbigniew Herbert (1924-1998) avec ce deuxième tome de la traduction intégrale des neufs recueils de poèmes, Monsieur Cogito. Edition bilingue, traduction du polonais par Brigitte Gautier.  
Monsieur Cogito réfléchit sur la souffrance 
 
Toutes les tentatives d’écarter 
la dite coupe d’amertume – 
par la réflexion 
une action frénétique en faveur des chats de gouttière 
une profonde respiration 
la religion –  
ont échoué 
il faut accepter 
courber doucement la tête 
ne pas se tordre les mains 
user de la souffrance avec circonspection 
comme d’une prothèse 
sans fausse honte 
sans arrogance non plus 
ne pas brandir son moignon 
à la tête des gens 
ne pas frapper de sa canne blanche 
aux fenêtres des repus 
boire son infusion de plantes amères 
mais pas jusqu’au fond 
garder par précaution 
quelques gorgées pour l’avenir 
recevoir 
mais aussi 
isoler 
et si c’est possible 
créer avec cette souffrance 
une chose ou une personne 
jouer  
avec elle 
bien sûr 
jouer 
s’amuser avec elle 
très prudemment 
comme avec un enfant malade 
extorquant enfin 
avec des tours bêtes 
un timide 
sourire 
Pan Cogito rozmyśla o cierpieniu 
 
Wszystkie próby oddalenia
tak zwanego kielicha goryczy - 
przez refleksję
opętańczą akcję na rzecz bezdomnych kotów
głęboki oddech
religię - 
zawiodły
należy zgodzić się 
pochylić łagodnie głowę 
nie załamywać rąk
posługiwać się cierpieniem w miarę łagodnie
jak protezą
bez fałszywego wstydu
ale także bez pychy
nie wywijać kikutem
nad głowami innych
nie stukać białą laską
w okna sytych
pić wyciąg gorzkich ziół
ale nie do dna
zostawić przezornie
parę łyków na przyszłość
przyjąć
ale równocześnie
wyodrębnić w sobie
i jeśli to możliwe
stworzyć z materii cierpienia
rzecz albo osobę
grać
z nim
oczywiście
grać
bawić się z nim
bardzo ostrożnie
jak z chorym dzieckiem
wymuszając na końcu 
głupimi sztuczkami
nikły
uśmiech 
• 
La maison du poète 
 
Il y avait ici naguère un souffle sur les vitres, une odeur de rôti, le même visage dans le miroir. C’est un musée à présent. On a arraché la flore des planchers, vidé les malles, astiqué les pièces à la cire. On a ouvert les fenêtres nuit et jour. Les souris évitent cette maison bien aérée.  
Le lit a été fait soigneusement. Mais personne ne veut passer la nuit ici. 
Entre son armoire, son lit et sa table – une limite blanche d’absence, distincte comme le moule d’une main.  
Dom poety 
Kiedyś był tu oddech na szybach, zapach pieczeni, ta sama twarz w lustrze. Teraz jest muzeum. Wytępiono florę podłóg, opróżniono kufry, pokoje zalano woskiem. Całymi dniami i nocami otwierano okna. Myszy omijają ten zapowietrzony dom. 
Łóżko zasłano porządnie. Ale nikt nie chce spędzić tu ani jednej nocy. 
Między jego szafą, jego łóżkiem a jego stołem – biała granica nieobecności, ścisła jak odlew ręki. 
Zbigniew Herbert, Monsieur Cogito, œuvres poétiques complètes II, traduction Brigitte Gautier, édition bilingue, Editions le Bruit du temps, 2012,  pp. 73 et 147. sur le site de l’éditeur 
Zbigniew Herbert dans Poezibao : 
bio-biliographie, extraits 1, ext. 2, ext. 3, ext. 4


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