Photographie 1 : Illustration du chapitre intitulé : « Histoire d’un propriétaire à poigne et d’un locataire timoré » de
La Vie élégante (tome second, 1883).
Photographie 2 : « Un
ménage d'artiste », Tableau de Paris (1853) d’Edmond Texier.
Photographie 3 et 4 : Eau forte signée « 1839 Célestin Nanteuil » de 20,8 x 27,1 cm
(dimensions de la feuille) et intitulée « Amoroso » de l'italien « Amoureux », terme utilisé en français, en musique, pour signifier : « tendrement,
amoureusement ». Cette image provient de la revue hebdomadaire L’Artiste publiée de 1831 à 1904. Le magazine y présente des textes et des illustrations dont quelques-unes en
pleine-page sans texte au dos, comme celle-ci. Célestin Nanteuil (1813-1873) est un artiste faisant partie des « jeune France » romantiques. Il fréquente Victor Hugo, Alexandre Dumas, Théophile Gautier et semblerait être proche de Gérard de Nerval. Il participe en 1830 à
la bataille (théâtrale) d'Hernani.
La
vie de bohème n’est pas une vie élégante, mais elle est parfois celle d’élégants dans l’âme mais sans argent. Aux XIXe et XXe siècles elle est celle de certains artistes qui habitent sous les
toits de Paris, tout près du ciel, des étoiles et de la lune enchanteresse. Ils sont parfois étudiants des beaux-arts, écrivains et habitants de Saint-Germain-des-prés ou d'autres quartiers à la
mode qu’ils occupent à s’avachir dans les cafés. Montmartre est un lieu emblématique à Paris pour les artistes ainsi que le quartier de Montparnasse au début du XXe siècle. Le quartier latin est
particulièrement celui des étudiants et des écrivains.
Le terme de 'bohème' dans sa signification actuelle date au moins du XVIIe siècle. On le trouverait chez
Tallemant des Réaux en 1659. La première édition de 1694 du Dictionnaire de l'Académie française distingue deux sortes de 'bohemes' (sans accent), avec le bohémien proprement dit, et
celui qui vit comme un 'boheme' : « BOHEME. Bohemien, Bohemienne. Sorte de gens vagabonds, libertins, qui courent le pays, disant la bonne aventure au peuple crédule, & dérobant avec
beaucoup d'adresse. On dit proverb. Cet homme vit comme un Boheme, pour dire, qu'Il n'a ni équipage ni domicile assuré. »
Ce dernier ne fréquente pas les
bohémiens, mais on le compare avec car il vit en marge de la société, s'habillant d'une façon assez excentrique et cultivant une pensée indépendante, et une manière de liberté.
C'est une forme de sagesse vagabonde caractéristique en France, sans doute issue des époques où ce pays
est morcelé en divers royaumes et où nombreuses sont les personnes qui vont de château en château ou même de ville en ville pour proposer leurs services : poètes troubadours ou trouvères,
compagnons etc. Parmi eux beaucoup d'artistes.
Au XIXe siècle et au début du XXe cette bohème se concentre à Paris. Elle est le résultat des importants
exode rural et immigration. Par exemple l’École de Paris (1900-1920)
désigne des artistes étrangers arrivés dans la capitale française pour profiter de cette émulsion des beaux-arts.
Beaucoup sont juifs. Ils occupent le quartier Montparnasse, buvant et mangeant souvent gratuitement dans les cafés, et parfois y dormant (voir l'article Le Montparnos, le Fauve, le Surréaliste et les intellectuels à la mode). Par la suite d'autres mouvements
prolongent cette bohème. Mais c'est véritablement au XIXe siècle que l'artiste bohème prend ses lettres de noblesse. En 1844, Honoré de Balzac (1799 - 1852) écrit Un Prince de bohème
(le livre est visible ici) : « Ce mot de Bohème vous dit tout. La Bohème n’a
rien et vit de tout ce qu’elle a. L’espérance est sa religion, la foi en soi-même est son code, la charité passe pour être son budget. Tous ces jeunes gens sont plus grands que leur malheur,
au-dessous de la fortune, mais au-dessus du destin. […] enfin, et c'est là où j'en veux venir, ils sont tous amoureux, mais amoureux ! ... » Dans Scènes de la vie de Bohême
(1847-49) Henry Murger (1822 - 1861) présente des acteurs et des lieux de cette bohème parisienne (l'ouvrage ici) : « le cénacle de la Bohême », l'indigence, les artistes, l'amour, « Mademoiselle Musette », « Un Café de la
Bohême », « Mademoiselle Mimi », la jeunesse etc.
Le poète Jean Nicolas Arthur Rimbaud (1854 - 1891) est peut-être celui qui représente le mieux cette
bohème artistique.
© Article et photographies LM