Les films de François Ozon offrent de multiples pistes à suivre. Ici, nous pensons entrer dans une maison avec un lycéen (en classe de Seconde), qui en ouvre les portes à son professeur par une première rédaction de deux pages quand les autres n’avaient rendu que des copies où ils avaient péniblement écrit deux phrases. Le réalisateur entre dans le jeu de la fiction démultipliée : retouches par l’image au texte du lycéen (Ernst Umhauer) sur les recommandations du professeur (Fabrice Luchini), intervention de ce dernier dans les plans où il n’est pas censé être présent. Ce que nos yeux voient est donc, sinon faux, du moins fictif. La création littéraire se met à l’œuvre et nous piège. Remarquez comme les vêtements changent au fil des récits, comme les aquarelles de Klee nous sont montrées comme originales ou copies (sur l’écran, en tout cas, elles ne sont que reproduction, et peu nous importe leur authenticité), comme la réalité est tout sauf réelle. Ainsi, le réalisateur (ou irréalisateur) s’amuse à évoquer similitudes et différences à propos de peintures de nuages d’une artiste chinoise devant des sœurs jumelles (il ne va pas jusqu’à prétendre qu’elles seraient nées sous le signe des Gémeaux, ça nous mettrait la puce à l’oreille), interprétées par la même comédienne (Yolande Moreau), et nous, spectateurs, acceptons sans sourciller cette séquence souriante. La Chine même, menace ou espoir, n’est qu’un instrument de la narration. Saurez-vous dire qui est l’auteur de ce que nous voyons : le lycéen, le professeur, sa femme (Kristin Scott Thomas), le réalisateur ? Qui regarde, qui écrit, qui lit ? Les dernières images du film sont une invitation à l’écriture. Allons-y donc ! Dans la maison ?