Drapeau Bangladesh
Si les grands patrons des multinationales du textile, en particulier ceux des entreprises concernées (C&A, H&M, Wallmart,…) ou autres gardent le silence face au drame survenu au Bangladesh, tel n’est pas le cas de la presse internationale qui réagit d’ailleurs fortement face à cette énième catastrophe dans une usine à esclaves asiatique.
112 morts. Les ouvriers auraient même reçu l’ordre de rester à leur poste alors même que l’alarme retentissait. Rendez-vous compte de l’horreur des conditions de travail et de l’état de soumission qu’on a fait subir aux malheureuses victimes payées de 40 à 80 euros par mois.
Rendons hommage donc à cette presse qui trouve des ressources pour s’indigner.
« Le courroux populaire est à la mesure du drame humain qui s’est noué ce week-end au Bangladesh. Lundi 26 novembre, plusieurs milliers d’ouvriers du textile ont manifesté à Savar, dans la banlieue de Dacca, la capitale, pour réclamer justice, relate le New York Times. L’objet de cette indignation peu coutumière ? Les circonstances dans lesquelles ont péri au moins 112 personnes samedi, victimes d’un incendie qui, pendant près de onze heures, a ravagé une usine de confection de vêtements. Celle-ci, construite en 2009, fournissait notamment de grandes enseignes étrangères comme Walmart, H & M ou encore C & A.
D’après les témoignages recueillis auprès des rescapés, dont le Daily Star se fait l’écho, les ouvriers auraient reçu l’ordre de rester à leur poste alors même que l’alarme avait retenti. De surcroît, plusieurs audits avaient déjà dénoncé des failles béantes en matière de sécurité, révèle le Globe and Mail. Pour tout dédommagement, la compagnie Tazreen Fashion, propriétaire de l’usine, a indiqué qu’elle verserait 1 200 dollars (à peine plus de 900 euros) à la famille de chaque employé mort dans l’incendie.
« PIÈGES MORTELS »
Cette tragédie, pour laquelle un jour de deuil national a été observé mardi, illustre les dangers d’un secteur qui emploie entre 3,5 et 4 millions de personnes à des salaires dérisoires (de 40 à 80 euros par mois) et représente 80 % des recettes à l’exportation du pays. De fait, rappelle le New York Times, plus de cinq cents ouvriers sont morts dans des incendies d’usine depuis 2006. Un terrible constat que corrobore le Christian Science Monitor, dénonçant l’incurie de leurs propriétaires.
Si l’Asie du Sud est confrontée, de manière tristement récurrente, à ce genre d’accidents, c’est parce que certains facteurs font de ces installations de véritables « pièges mortels », explique le Guardian : leur localisation dans des quartiers pauvres et congestionnés, le manque d’entraînement des soldats du feu et la corruption systémique qui frappe les inspecteurs chargés de veiller à la sécurité. Le tout sur fond « d’apathie » coupable des autorités.
Pour Gulf News, industriels, autorités locales et clients internationaux partagent tous une même responsabilité. Ainsi que les consommateurs occidentaux, juge leGuardian, qui devraient s’interroger sur la pertinence d’acheter des vêtements à prix cassés… »
Source: Le Monde