Nous pouvions éviter de traiter du énième rebondissement des déchirements de l'UMP. Nicolas Sarkozy avait encore échoué à
réconcilier les deux impétrants. Une ministre allait faire réquisitionner des logements à l'approche du grand froid. C'était une sacrée nouvelle, mais il faudra juger sur pièce.
Et des sénateurs communistes continuaient leur croisade anti-Hollande au point de voter avec l'UMP.
Il fallait comprendre.
Sarkozy échoue, encore
Qui était dupe ? Nicolas Sarkozy s'est encore planté. La situation est cocasse. L'ancien sauveur que le Point ou l'Express
nous présentaient comme le Recours éventuel s'est littéralement vautré à tenter de réconcilier les deux rivaux. Il a déjeuné avec Fillon (mardi) puis Copé (jeudi).
En vain.
« S'il est attentif et préoccupé par la survie de sa famille politique, il est, aujourd'hui, au-dessus des contingences et des divisions partisanes. »
Brice Hortefeux
Le déchirement est complet, ou presque. Selon l'Express, Valérie Pecresse a traité Jean-François Cope de "fasciste".
Vraiment ? Sarkozy a joué au pyromane, allumé le feu pour affaiblir Fillon. Lequel est parti.
Car l'ancien secrétaire général, désigné par Sarkozy en 2010, est bel et bien président. L'UMP s'est scindée
en deux, et bientôt trois groupes à l'Assemblée. Car des non-alignés (sic! On se croirait au Liban ou en Irak !) ont menacé d'une autre sécession.
On a tout entendu. Jeudi soir, voici donc Raffarin qui suggère une commission de
conciliation, tout en déplorant que l'UMP ne soit pas adaptée à la "démocratie moderne". Merci Jean-Pierre !
Quand au négociateur surdoué, il prépare désormais ses vacances de Noël. Il était temps.
Duflot agit, ou bien
Le 27 octobre dernier, la ministre Cécile Duflot promettait la réquisition de logements dans des bâtiments publics avant
l'hiver. Elle venait de rencontrer des responsables associatifs.
Un mois plus tard, un jeudi soir, France 2 livre un étonnant reportage dans le journal télévisé de David Pujadas sur combien
il est compliqué d'expulser des locataires incommodants quand on est propriétaire... On appelle cela, de la contre-programmation.
Cécile Duflot, depuis un mois, est sous pression. Jeudi 29
novembre, ce même jeudi où une chaîne publique de télévision nous illustrait la nouvelle par cet improbable reportage, la ministre livrait une première salve: trois missives seront adressées
aux préfets de régions jugées tendues - Île-de-France, Rhône-Alpes et Paca - « pour se mettre en situation de procéder à des réquisitions d'ici la fin
de l'année ». Ces dernières ne concerneront que des habitations appartenant à des personnes morales.
Encore les communistes?
Au Sénat, les élus communistes poursuivent leur
travail d'opposition avec l'UMP. Ils progressent: maintenant, ils votent désormais vraiment comme l'UMP,
comme sur la loi de financement sur la Sécu pour 2013.
Merci.
Bien sûr, ils votent comme l'UMP mais pour d'autres raisons. Ils les ont écrites, dans une tribune. Ou raconté, sur quelques estrades médiatiques. Leur vote est
paraît-il clair. Ils votent « contre l'austérité ». Il faut être concret dans la vie. Mercredi, leur abstention a signifié le refus - provisoire et donc inutile - d'un
relèvement des impôts contre les plus fortunés au motif que ce dernier était ... insuffisant.
Ahem.
On tousse.
Pourtant, ils persistent. Le
Groupe communiste, républicain et citoyen du Sénat a plongé dans l'absurde: «Nous l’affirmons avec force : nous sommes acteurs du changement. » Ils viennent de (re)voter le statu-quo
fiscal... Une bouderie, rien d'autre. Nous aurions pu les croire et les comprendre quand ils écrivaient: « Notre seule ambition est de répondre aux attentes et exigences de notre peuple.
» Mais l'attitude - soutenir l'UMP pour le statu-quo fiscal... est politiquement incompréhensible.
La démocratie est mature quand elle comprend que seul le résultat compte. S'il s'agit de créer un rapport de forces vis-à-vis
d'élus socialistes peu disposés au moindre compromis « sur leur gauche », la démarche se comprend. D'ailleurs, au PS, Harlem Désir s'est décidé à rencontrer les élus d'opposition de
gauche. Sauf Mélenchon. Bizarre.
Mais cette fois-ci, au Parlement, cette opposition devenue systématique est inutile, stérile,
contre-productive. Quand la gauche y était unie sous Sarkozy après les élections partielles de septembre 2011, freiner d'improbables réformes sarkozystes était un objectif louable du
point de vue de l'opposition: l'alternance était possible quelques mois plus tard. Mais nous sommes au début d'un quinquennat. Les communistes du Sénat espèrent sans doute, ou peut-être, quelques
succès électoraux aux prochaines municipales.
Il faut l'espérer, car sinon, la disparition est proche. En l'état, le projet de loi de finances de la sécurité sociale a
donc été refusé une seconde fois au Sénat, grâce à un
vote négatif des sénateurs communistes sur le volet recettes.
Dont acte.
Il faudra expliquer pourquoi le statu-quo est préférable à un progrès insuffisant.
Pourquoi tant de haine ?