Le Coq - 2, place du Trocadéro - Paris 16
Parfois le dimanche soir, après un long week-end de débauche, il me vient comme une envie animale, un certain appétit carnassier, une lubie subite pour un bon gros morceau de viande, voire un gigantesque burger. Et comme ce dimanche soir là précisément, je suis un peu chiffon, un peu ronchon, un peu fine gueule, je décide qu’un simple McDo ne suffira pas et je pars à l’aventure en bonne compagnie.
On est fin août, la journée a été exceptionnellement caniculaire. La seule de tout l’été à Paris. C’est l’occasion de profiter d’un dîner à la belle étoile alors que le soir tombe et que les températures déclinent mollement. Langueur paresseuse, énergie en berne, nous peinons à dépasser le Trocadéro. Le choix se porte sur Le Coq brasserie tradi à ambition costienne - le patron Eddy Bénézet leur a même piqué leur décorateur attitré, Jacques Garcia. La terrasse a quelques attraits indéniables, habilement préservée de l’agitation de la place par des haies d’arbustes taillés à la française et vaporisée régulièrement d’une bruine légèrement parfumée tout à fait rafraîchissante mais fatale pour les brushings de ces demoiselles. Si l’on échappe à la vision d’un Palais de Chaillot disparaissant derrière la circulation, le bruit hélas ne saurait être camouflé par la musique vaguement lounge d’une platitude absolue que diffusent les enceintes intérieures du restaurant.
Le Coq - la terrasse - Iphone de nuit, c'est le drame
Le Coq - la terrasse - Iphone de nuit, c'est le drame
Côté déco, la terrasse fait au plus simple, quelques buis, chaises et tables bistrot, minimalisme qui lui sied à ravir. Je n’en dirais pas tant de la salle dont l’architecture d’intérieure défie toutes les lois du bon sens et du bon goût. A l’accueil, le desk se compose d’énormes pavés translucides effet matériau brut en plexiglas diffusant une lueur rose pétard. Sorte de Stonehenge du kitch où il est difficile de distinguer le bar, les hôtesses ou la seule logique de la pièce que séparent en petites enclaves ces étranges monolithes. Teintures et velours façon Costes complètent le tableau fort vulgaire. Monsieur Garcia pour ce coup là, je suis au regret de vous dire que vous vous êtes planté. C’est bling, c’est laid, m’as-tu vu, c’est le mauvais côté du XVIème option princes saoudiens, nouveaux riches et cabinets de chirurgiens esthétiques.
Le Coq - le bar et le desk - Hum, c'est beau, merci Jacques !
Le Coq - la salle
Au Coq, la direction aimerait bien savoir recruter à l’accueil, les sémillantes demoiselles qui font la réputation des établissements Costes. Malheureusement, on n’y trouve que de pâles copies pas méchantes mais ni très vives ni très gracieuses. La distinction des serveuses importerait peu si cette simple brasserie n’avait pas tant de prétentions. Le dialogue est tout de suite un peu compliqué lorsqu’à la demande d’une cuisson al dente pour les pâtes, le mâchouillement nerveux d’un chewing-gum couplé à une mimique effarée sont les seules réponses que l’on puisse obtenir. La pauvrette en était émouvante, sur le moment j'en ai presque voulu à celui qui m'accompagnait pour être un tel extravagant ! Des pâtes al dente, quelle bizarrerie baroque ! Par la suite, cela m’a fait penser à ce vernis OPI, I’m not really a waitress. Au Coq, tout le personnel a l’air terriblement affairé mais l’efficacité n’est pas vraiment au rendez-vous. Ca s’agite, ça virevolte mais les tables restent vides.
La carte est assez classique et répond aux attentes d’une brasserie tendance fusion worldfood à la mode dans le quartier et dans les établissements de ce type : tomates mozza, king crabe mayo, nems au poulet et basilic thaï, salade de homard, saumon bio vapeur, tartare de bœuf, salade caesar, poulet au chutney et curry, steak de thon, croque monsieur, club sandwich…
Le Coq - Cheeseburger pommes allumettes
Donc me voilà devant le fameux cheeseburger pommes allumettesqui me faisait saliver d’avance. Monté à l’arrache façon tour de Pise, pain brioché dur comme de la biscotte -très pratique au couteau- steak archi cuit alors que je l’avais demandé saignant, oignons à peine émincés, sauces parfaitement quelconques. Bref, un bon gros burger surgelé réchauffé au micro-onde pour la modique somme de 21 euro, Maryse, et ne valant même pas le cheeseburger de l’oncle Ronald. C’est dire ma déception. Désappointée, j’étais. Je concède cependant aux frites un certain allant, un joli doré, un croustillant joyeux.
Le Coq - Cabillaud vapeur haricots verts - la méga teuf
De l’autre côté de la table, un bien léger cabillaud vapeur accompagné de haricots verts me fait passer pour une grosse morfale. Poisson à la chair friable et fadasse probablement surgelé, triste à pleurer et haricots verts de même facture. Coup de massue 29 euro. J’en toucherai deux mots à Captain Igloo la prochaine fois.
Nous jetons l’éponge pour les desserts, les trente minutes d’attente pour des plats réchauffés à la va vite nous ayant échaudé. Un petit café à 3,50 euro et basta.
Conclusion, le Coq pour profiter de sa terrasse et boire un verre de vin : Chablis, Brouilly ou Côte de Provence rosé -6,50 euro- pourquoi pas mais il faut s’attendre à côtoyer touristes forts tape à l’œil et minets gominés très chalala. La vérité, qui a envie de ça ?
Le Coq2, place du Trocadéro - Paris 16Tél : 01 47 27 89 52Horaires : ouvert tous les jours jusqu’à 23h30