Bilal © Futuropolis & Louvre Editions – 2012
Dans le cadre de la collaboration entre les Editions Futuropolis et le Musée du Louvre, c’est au tour d’Enki Bilal de nous livrer sa vision du lieu.
L’artiste a choisi de le faire de façon originale comparée aux autres albums de la collection ; cet ouvrage n’est pas une bande dessinée à proprement parler. En revanche, ce que l’on pouvait prévoir, c’est qu’il choisisse de travailler à partir de photos. Ce n’est pas la première fois qu’il emploie cette technique de traitement de l’image, je vous en avais parlé dans mon article sur Cœurs sanglants et autres faits divers.
Comme d’autres auteurs avant lui, Bilal a passé plusieurs heures à arpenter les collections du Musée. Au final, près de 400 clichés ont été pris. Je sors mes antisèches et cite l’éditeur : « de ses photographies, il n’en garde que 22, qui seront tirées sur des toiles en grand format. Sur ces tirages, Enki Bilal improvise à l’acrylique et au pastel, le portrait de 22 fantômes, qu’il a fait surgir avec force et humour des œuvres qui les abritent ».
22 chapitres de 5 pages comprenant l’illustration du fantôme associé à son œuvre, la photographie (avant que Bilal ne travaille dessus), les croquis exploratoires et la biographie du personnage créé par l’auteur. Bilal n’a écouté que son instinct lorsqu’il observait chaque objet d’art. De l’artiste à la muse en passant par le badaud embarqué malgré lui dans un processus de création artistique dont il ignore tout… Enki Bilal a laissé faire son inspiration. Il a inventé ces individus et imaginé ce qui les relie à un tableau, une sculpture, une salle… Se faisant, Bilal s’amuse avec l’Histoire et réinvente en partie l’histoire des pièces de collection présentes dans cet ouvrage.
22 existences fictives d’hommes et de femmes décédés brutalement. Suicide, assassinat, accident de la route… ce sont désormais des fantômes. Leur mort tragique les a liés à une œuvre exposée au Louvre.
L’auteur ne s’attarde pas tant sur l’œuvre exposée mais fait une halte sur son personnage. Ces fantômes ont des noms parfois si étonnants que j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’anagrammes : Aloyisias Alevratos, Enheduana Arwi-A, Arjuna Asegaff, Lyubino Nuzri… Mais ce n’est pas le cas. Une page suffit pour présenter la biographie de chacun : mensurations à la naissance, courte présentation du climat familial, « morceaux choisis » de leur vie et circonstances de leur mort. Certains croiseront Henri IV, Rembrandt, Léonard de Vinci ou Eugène Delacroix. D’un chapitre à l’autre, les fantômes surgissent de manière anarchique, sans fil chronologique. Pour le lecteur, c’est l’occasion de revenir – de manière ludique – sur différents périodes historiques.
Enki Bilal explique sa démarche dans deux interviews : France Culture (émission du 16 novembre 2012, prendre l’écoute à 19’35’’) et sur Le Mouv’ (émission du 21 novembre 2012, prendre l’écoute à 106’10’’). Les travaux réalisés par Bilal pour cet albums sont exposés au Louvre 19 décembre 2012 au 18 mars 2013.
La page Facebook de l’ouvrage.
Les fantômes du Louvre
One shot
Éditeurs : Futuropolis & Louvre Editions
Collection : Louvre
Illustrateur / Auteur : Enki BILAL
Dépôt légal : novembre 2012
ISBN : 978-2-754808-194
Bulles bulles bulles…
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