Endre Ady – J’aimerais qu’on m’aime (Szeretném, ha szeretnének, 1909)

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Ni heureux aïeul, ni héritier,
Ni parent, ni ami familier,
Je ne suis à personne,
Je ne suis à personne.

Je suis ce qu’est chacun : majesté,
Pôle nord, secret, étrangeté,
Feu follet hors d’atteinte
Feu follet hors d’atteinte.

Las! Je ne puis m’en accommoder
Je voudrais de plus près me montrer,
Que me voient ceux qui voient
Que me voient ceux qui voient.

Mes vers, ma torture de moi-même
Tout vient de là : j’aimerais qu’on m’aime
Pour être à quelqu’un
Pour être à quelqu’un.

***

Endre Ady (1877-1919) – Traduit du hongrois par Jean  Rousselot