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Je les connais ces gens-là.
Enfant, on les voit tout rouge d'intensité mal calibrée sur le terrain de soccer. Ils poussent l'adversaire avec leurs mains et crient après l'arbitre pour rien. Ils pleurent si ils ne gagnent pas, ragent si ils se font compter des buts et ne sourient jamais autant qu'ils froncent les sourcils. Ils veulent gagner à tout prix alors que les camarades sont plutôt concentrés à s'amuser entre eux, à arracher de l'herbe ou à se donner des bines pour rigoler sur le banc.
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HéHo! ça roulait à 212 km/h en se faisant fermer des rues juste pour eux et tu veux nous faire verser une larme Jones?
Pas du schtroumpf.
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Plus intense que douceur.
Je connais cette accumulation infreinable qui fait foncer sans voir le mur.
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Je n'ai aucune difficulté à imaginer Daniel Breton, enfin roi, enfin en train de séjourner chez les "nantis", entrer comme un rottweiler dans une maison de chat quand il est allé voir les gens du BAPE.
Vous connaissez les histoires d'horreur qu'on entend au football des États-Unis. Des gars qui n'ont jamais eu d'argent de leur vie et qui soudainement pourraient acheter l'État dont il sont issus. Vous savez pourquoi ça vire à l'horreur? Parce qu'on leur a donné un pouvoir soudain qu'ils n'avaient jamais eu. Et là c'est trop de bonbons pour un même garçon, il s'étouffe avec. Il est multimillionnaire et soudainement il fait un vol à main armé, précédé d'une entrée par effraction.
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Il avait aussi les mêmes réfléxes d'antan. Il avait tant mald décidé dans la vie qu'il ne savait trop comment s'y prendre une fois en position de force.
Daniel Breton l'a dit, profondément ému, et il l'a dit avec des mots de la rue.
"Je le sais c'est quoi perdre son emploi, je le sais c'est quoi perdre son apart., je le sais c'est quoi ne pas être certain d'avoir un plat su'à table en soirée".
Ça ressemblait à un discours de travailleur social. Mais c'était le ministre de l'environnement.
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Ça a sonné comme un point d'orgue dans sa très très courte allocution de départ. Aussi courte que son séjour comme ministre (deux mois). Il n'a pas perdu de maison, une maison c'était comme son poste de ministre: plus grand que lui. Il a perdu son apart. Plus petit assurèment. Un apart qu'on a fui pour ne pas le payer pendant 13 mois. Un mot, appartement, qu'on a appris à simplifier par économie. On ne vivait que d'économie. Sauf en énergie. Là on avait de l'excès. L'énergie d'un joueur de football. Mais on ne peut pas être plus grand que nos 5 pieds 10 quand on mesure 5 pieds 10. Et Daniel était ce joueur qui garde des réflexes d'antan...
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Le gars était une cible facile pour l'adversaire. Ça lui sortait de partout. Vous l'avez vu japper quand on a parlé de faire dévier des tuyaux de bitumineries par ici. Waf!Waf!Waf! Et c'est con parce qu'il avait en gros assez raison. Mais comme les propos venaient du gars qui fait du bruit avec sa paille quand il boit sa sloche, ça faisait rond un peu. Encore. Puis le trésor...
Tout ce passé qu'on ne peut jamais complètement effacer. Les fraudes. Les mauvais réflexes. L'absence de freins.
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Daniel n'avait pas de frein. C'est vers un nouveau mur qu'il fonçait. C'est de là qu'il nous parlait hier.
De son mur des lamentations.
La face crapou dans le dash.
C'est ça qui m'a touché.
Foncer comme ça à l'aveugle, c'est moche mais je connais.
Je voyais le bouclier sentimental dans le trémolo de la voix du rottweiler la queue entre les jambes.
Senti,
mental.
Pour une peut-être trop rare fois, il a pris hier la bonne décision.