Encore une fête typiquement ricaine. Alors pour la petite explication aux bêbêtes, Thanksgiving ou -- pour nos amis francophones -- l'Action de grâces, est une fête célébrée aux U.S.A (et aussi au Canada mais pas le même jour!) le quatrième jeudi de novembre. Bon, même si tous les Amerlocs m'ont tenu tête que "non, Thanksgiving n'est pas une fête religieuse", bah si je suis désolée, hein, mais ça vient tout de même de la religion catho dans laquelle on remerciait D.ieu par des prières pour tous les bonheeeeurs qu'on avait eu pendant l'année (bin tiens!...). Bref. C'est aujourd'hui une fête laïque. Donc ça veut dire quoi, au final? Bah tout simplement que les New Yorkers glandent pendant à peu près une semaine. En effet, tout ferme pour Thanksgiving. Sachant que c'est le jeudi, tout le monde arrête de travailler le... mardi, pour bien se préparer psychologiquement, et physiquement pour ingurgiter des quantités hallucinantes de nourriture.
J'avoue que j'avais un peu peur niveau bouffe. Sachant ce que les Américains mangent toute l'année, je me disais que cette fête allait étre compliquée à gérer. Surtout au milieu d'une tablée de 40 personnes affamées, difficile de passer inaperçu avec le contenu de son assiette.
Nous étions, mes hosts, les twins et moi même, conviés à un repas "entre amis" dans le connecticut. Pourquoi est ce que dans ma tête je m'étais imaginé un petit repas avec une dizaine de personnes autour d'une dindounette ? Après une heure de bouchon, on arrive à 3pm chez les soit-disant amis de mes hosts. Euh... c'est quoi cette maison?...
Bon, sincèrement, la maison ci dessus n'est pas la maison devant laquelle on s'est garé. Non. Pour tout vous avouer, j'avais mon appareil qui me démangeait dans ma poche, mais je n'ai pas osé le sortir lorsque j'ai vu les 50 autres invités, tous sur leur 31. Moi je débarquais en jupe en jean, bottes à moumoutes, à peine coiffée. Bel aperçu de la France, n'est ce pas ! La maison Le château était tout simplement indescriptible. Le même genre que dans les séries américaines, où il y a la petite guirlande qui scintille déjà au dehors, enroulée sur les colones, ou bien posée sur les haies de l'allée... au bout de cette fameuse allée, juste devant l'entrée du palace, une dizaine de Bentley's étaient garées, dans lesquelles on pouvait voir dépasser les casquettes des chauffeurs attendant patiemment la fin du meal. L'hôte est sorti en peignoir violet, brodé, avec un petit mouchoir qui dépasse de la poche sur la poitrine. Normal. Et allez que j'te fais des calins, et how are you doing, et blablabla... ils sont épuisants ces gens. C'est à ce moment que m'a été présenté une magnifique créature. Costume gris, chemise rose pâle.. hétéro. Mazeltov! Il s'intitule Alexandre. (J'espère qu'il ne lira jamais cet article...) Oui parce que monsieur parle un peu français - couramment - son père étant belge et sa mère canadienne. Bref, il était grand, charmant, son accent américain quand il me parlait en français était juste awesome.. il s'est assis à coté de moi à table. J'ai dû passé pour l'anorexique de service, car j'étais tellement dans les nuages que j'avais pas tellement faim, au final. Surtout devant le menu : patates douces aux marshmallow (Whaaat?), miettes de pain de mie grillées aux oignons (pas mal..), turkey (énooorme!), purée de légumes, viandes en tout genre (sauf du porc, of course!)... rien de bien râgoutant. Avant le dessert, y'a évidemment un vieux monsieur dans l'assistance qui a fait un discours sur le pourquoi du comment de Thanksgiving. Je voyais les guests rire, donc j'imagine que ça devait être rigolo. Mon charmant voisin de table s'est empressé de savoir si j'avais tout compris. Non. Bon... c'est pas pour ça qu'il m'a ré-expliqué; il a juste rigolé en ajoutant : "lucky you". Ah bon. C'était si chiant que ça ?...
Lara, assise à mes cotés et juste en face d'Alexandre, n'arrêtait pas de le dévorer des yeux, rougissant lorsqu'il lui parlait; lorsqu'il se levait de table, elle me posait pleins de questions sur notre conversation : "bah tu n'as qu'à apprendre le français ma petite chérie..! Balot...! Haha!" Je suis une babysitter horrible. Et lorsqu'il réapparaissait, je me prenais un violent coup de pied sous la table suivi d'un petit "he's coming back, look..." Aaaouch! Le lendemain j'avais une lignée de bleus sur le tibia droit. Magique.
Le dessert est arrivé. Enfin. J'avais un peu les crocs - du coup! Avec la maman de ma host, on avait préparé la veille, des desserts pour apporter au repas. J'avais eu l'idée de faire une mousse au chocolat car ma host souhaitait un dessert typiquement français. Je sais pas si c'est vraiment typique mais bon... on dira que si. Donc j'ai passé mon mercredi à monter des oeufs en neige. Pour répondre à la question de ma môman : non, maman, je n'ai pas fait une mousse pour 50 personnes. Evidemment PAS ! Mais j'ai tout de même fasciné mes twins qui, avec le chef cuisto' qu'elles ont pour maman, n'ont jamais vu des oeufs montés en neige de leur vie. Lorsque j'ai retourné le plat pour voir si les oeufs étaient bien figés, elles ont ouvert des yeux aussi grands que des bouches. Soit dit en passant, je déteste ce moment là de la recette, car même seule aux fournaux, je stresse de tout renverser, mais alors là, avec un public admiratif... l'effet aurait été moyen moyen. C'est salissant l'amour propre, hein. Bref j'ai donc emporté ma chocolate mousse (à prononcer tchocoléïte muuuusse! ) chez nos hôtes. Au moment de servir les desserts, j'ai ressenti comme une petite pointe d'angoisse car évidemment, mes twins passaient devant tous ceux qui se servaient de la mousse "c'est ma babysitter qui l'a faite ! Elle, là-bas !" Oh mon dieu, j'espère que je ne vais empoisonner personne. J'ai aucun moyen de fuir si c'est le cas. J'ai patienté quelques instants jusqu'à qu'une petite mamie vienne me féliciter, les dents pleines de chocolat, pour ce "petit goût de France". Mm.. merci madame. And the winner iiiiis... me !
Après le repas, certains sont descendus dans le basement, mes twins m'ont demandé de les y accompagner. En arrivant en bas, j'ai découvert une immense salle de jeux, un jukebox des 50's, un billard au centre de la pièce, une piste de danse plus loin, et sur les murs de la pièce, des photos de notre hôte entouré de célébrités diverses et variées, ou soulevant un gros poisson fraîchement péché, ou encore mangeant une glace lors d'un match de baseball avec ses enfants... un peu too much quand même. Mais on aime leur coté discokitch aux Ricains !