Cette mini-série diffusée l'année dernière est l'adaptation du roman du même nom de Michel Faber, traduit chez nous par La Rose Pourpre et le Lys.
N'ayant pas (encore) lu le roman, je ne peux dire si c'est une bonne adaptation. Je peux cependant dire que c'est une excellente mini-série.
L'histoire ? Celle du roman :
Londres, 1874. Quelque part dans Church Lane, à l'écart du tumulte de ce quartier sordide, une jeune fille attend. Elle s'appelle Sugar, elle a dix-huit ans. C'est une prostituée d'un genre particulier : sa beauté, sa vivacité, son intelligence - elle sait lire, écrire et pratique l'art de la conversation - semblent la promettre à un destin différent. Elle est remarquée par un riche parfumeur, William Rackham, qui fait d'elle sa maîtresse. William Rackham est ambitieux. Pour maintenir son train de vie et échapper aux humiliations financières que lui inflige son père, il doit encore gravir quelques échelons. Et puis il y a sa femme, Agnes, une grande bourgeoise neurasthénique qui ignore tout du mal qui la ronge. Ensemble, Sugar et William décident de braver les interdits et de vivre une vie plus conforme à leurs grandes espérances, loin du bordel et de la médiocrité petite-bourgeoise.
J'aime l'ère victorienne pour son mélange de modernité et d'obscurantisme - par ailleurs, merveilleusement mis en avant dans la série. C'est sombre, froid, glauque... un peu gothique. L'atmosphère des bas quartiers de Londres est bien palpable. J'ai été surprise à chaque époque: quand j'ai commencé, je ne savais rien de l'histoire si ce n'est que ça se passait dans les bas fonds de Londres et que l'héroine était une prostituée. Je m'attendais donc à des scènes sulfureuses, parfois crues et finalement, très bonne surprise, rien de cela. Il y en a quelques-unes bien sur, mais un peu comme dans Secret Diary, ce n'est jamais vulgaire, ni racoleur. (A choisir, j'emploierais plutôt ces termes pour qualifier Women in Love.).
The Crimson Petal and the White doit beaucoup de son intérêt à son casting. Romola Garai en tête : elle est remarquable dans le rôle ! Ainsi que Chris O'Dowd en William Rackham et tous les autres en fait. Et bizarrement, j'ai même réussi à trouver Sugar attachante - prostituée certes, mais avant tout une jeune femme qui veut s'en sortir, et sautera sur toutes les occasions d'y arriver. Rackham un peu moins : à part sa femme qui a des problèmes psychologiques, il mène une bonne vie, mais en veut toujours plus et sans penser aux conséquences de ses actes sur les autres. Agnès (Amanda Hale) m'a touchée : elle n'a jamais cherché ce qui lui arrive et n'a personne pour l'aider... jusqu'à l'arrivée de son "ange".
J'aimais bien aussi Mrs Fox (Shirley Henderson) et Henry Rackham (Mark Gatiss), mais ils sont bien trop vite mis au second plan... dommage. C'est d'ailleurs le principal défaut de la série : on nous fait rencontrer plein de personnages différents, mais certains sont quelque peu sous-exploités. C'est le format qui veut ça : le roman fait 1142 pages dans son édition intégrale alors que la série ne compte que quatre épisodes d'une heure chacun. Difficile de tout développer comme il se doit. Un mal pour un bien au final : cela ne donne que plus envie de lire le roman !
Autre point fort : la réalisation. C'est beau et sinistre à la fois. Il y a très peu de lumière et beaucoup de plans sur les visages et les mains. J'ai vraiment apprécié l'ambiance, les décors, les costumes et la musique - tout est réuni pour dépeindre le Londres victorien à son plus bas niveau, tel qu'il était à l'époque. J'ai aimé aussi le fait que Sugar s'adresse au "lecteur". Ne sachant pas qu'elle écrivait un roman, j'ai été suprise la première fois qu'elle imagine ce qu'elle ferait à l'un de ses clients : je me suis demandé un instant si je n'étais pas face à Jack l'Eventreur au féminin et à l'envers. Finalement, rien de cela, juste une jeune prostitué extrêmement intelligente dont l'un des buts dans la vie est d'écrire un roman vérité, une sorte de vengeance à rebours de ce que les hommes lui ont fait subir....
The Crimson Petal and the White est une mini-série fascinante, qui vous plongera dans les bas fonds de Londres et qui prouve une fois encore tout le talent de Romola Garai, et de la BBC !
(Et hop, parfait pour le Challenge Victorien !)