« Je voulais un lundi comme les autres. Comme les autres lundis et comme les autres enfants. Pas un lundi avec un mort dans mon cartable. »
Silence, recueillement, jusqu’au jour où votre éditeur vous demande d’écrire une lettre… Et l’auteur écrit à son père – aussi le papa célèbre d’Astérix – qui s’est éteint alors qu’elle n’avait que neuf ans.
L’auteur réussit un coup de maître en couchant sur le papier les secrets enfouis jusqu’ores, scellés dans son cœur meurtri de petite fille qui n’a pas compris que la mort a frappé si tôt, si fort, laissant en elle un abîme jamais comblé. Et de sa plume surgissent des mots émouvants et sincères. Son court récit s’adresse à celles et ceux d’entre nous qui ont vécu la perte d’un papa ou d’une maman trop tôt.
Dans ces lignes, on sent l’amour fort entre elle et son père et son admiration pour un papa hors du commun, dont elle a hérité un empire qui jamais ne s’écroulera.
Le témoignage est magnifique, certes, mais je me suis sentie un peu comme le témoin indécent de la vie fracassée d’une fillette qui n’a pu hurler sa douleur des années plus tard, qu’à travers une lettre « commandée » par un éditeur avide de tirer du chagrin profond d’une fillette le ressenti plus sensationnel qu’aurait pu au fil du temps en dégager l’enfant devenu adulte. Son texte reste malgré tout la belle lettre sensible et émouvante qu’en espérait le commanditaire de l’auteur…
Enfin, c’est ce que je ressens et qu’on ne me jette pas la pierre pour avoir osé dire cela…
D’aucuns trouveront la démarche porteuse de sentiments et d’émotion – et moi itou – mais est-ce là nécessaire de mettre en exergue une correspondance posthume et remuer une douleur latente de la perte d’un père, un peu celui de tous les enfants ?
Paix à ses cendres…
Le bruit des clefs d’Anne Goscinny, éditions Nil
Date de parution : 13/07/2012