A l’heure où le gouvernement français tente de redresser la situation économique du pays et de trouver des solutions pour régler le problème du déficit budgétaire, une nouvelle polémique fait surface : le gaz de schiste. Solution miracle pour l’économie française pour les uns, vrai fléau écologique pour les autres, faut-il vraiment déterrer cette ressource qui dort sous les terres françaises au risque de causer des dégâts considérables pour l’environnement ?
Un gaz controversé …
L’élément principal mis en cause dans cette affaire est la méthode dont ce gaz est extrait. En effet cette technique, appelée fracturation hydraulique et adaptée à l’extraction du gaz par un patron américain George Mitchell, est sujet à polémique. Elle consiste à injecter très profondément (2- 3 km sous terre) un mélange d’eau, de sable et divers autres produits chimiques à très grande pression dans le but de fracturer la roche et libérer ainsi les hydrocarbures. Suite à ce forage, le mélange mêlé au gaz remonte à la surface. Ce procédé présente ainsi un danger réel pour la sécurité des nappes phréatiques et pour cause, seulement la moitié de l’eau injectée remonte à la surface et le risque lié aux problèmes d’étanchéité reste trop grand .D’un autre coté certains vantent les mérites du gaz de schiste en précisant que lors de sa combustion, il émettrait 25% de moins de CO2 dans l’atmosphère que son équivalent le pétrole. Cette conclusion n’est pas du goût des écologistes qui dénoncent le risque de diffusion de méthane dans l’atmosphère, un gaz à effet de serre beaucoup plus nocif que le CO2
« La France serait au gaz de schiste ce que le Qatar est au pétrole ! »
Economiquement, la France aurait beaucoup à gagner, si on se fie à l’exemple américain qui est particulièrement probant. De plus en plus d’études montrent l’impact qu’a eu l’exploitation du gaz de schiste sur la croissance américaine. Ainsi selon les dernières estimations, sur les 3% de croissance du PIB estimés en 2012, environ 1% serait dû au gaz de schiste, c’est tout simplement phénoménal! En France, les études estiment que l’exploitation de ce gaz permettrait de créer au moins 200 000 emplois d’ici 2020. En effet selon l’AIE le sol français contiendrait 5 100 milliards de mètres cube de gaz, une quantité équivalente à cent ans de consommation de gaz en France à l’heure où l’achat des hydrocarbures (pétrole et gaz confondus) a coûté en 2011 à la France 60 milliards d’euros, quasiment la totalité de son déficit commercial. Alors comment résister à la tentation de déterrer ce véritable trésor ?
Et les politiques : « schiste ou pas schiste » ?
Le 14 septembre dernier a eu lieu la première conférence environnementale du nouveau gouvernement français, durant laquelle le président actuel a annoncé vouloir mettre fin aux polémiques sur le sujet du gaz de schiste en affirmant qu’il n’y aura pas d’exploitation de ce carburant étant donné les dangers trop importants qu’engendrerait son extraction pour l’environnement. Seulement voilà , tout le monde n’est pas d’accord et les avis sur ce sujet évoluent continuellement. Il y’a d’abord ceux qui sont catégoriquement contre et qui affirment que ce carburant reste une énergie non renouvelable et que ce n’est qu’une solution à court terme, comme Nicolas Hulot, puis il y a ceux qui ne comprennent pas qu’on puisse se priver d’une telle richesse à l’image de Laurence Parisot, présidente du Medef, épaulée par dix-neuf personnalités du monde de l’industrie signataires la semaine dernière d’un appel en faveur d’un débat autour de la question. Cependant alors que 72% des Français souhaitent « l’interdiction définitive de l’exploration et de l’exploitation » de ces hydrocarbures, pour la plupart des politiques la question n’est pas d’interdire l’exploitation du schiste mais de concentrer les efforts sur la recherche de nouvelles techniques d’extraction pour arriver à faire coexister économie et écologie. En attendant la question n’a pas fini de faire réagir.
M.D