Précédé d’une bonne presse et de critiques plutôt élogieuses, je dois dire que j’étais assez curieux de découvrir ce film qui avait semble-t-il convaincu tous les observateurs lors de sa présentation au dernier festival de Cannes. Malheureusement, le sentiment qui prédomine chez moi après le visionnage est surtout la déception.
En effet, malgré des comédiens impliqués et quelques scènes touchantes, je ne suis jamais véritablement rentré dans le film. Et pourtant le choix d’évoquer le thème de l’amour entre deux personnes âgées est plutôt intéressant et audacieux car on a finalement pas l’habitude de voir ce genre de chose au cinéma. Effectivement, l’amour au cinéma est très souvent abordé pour exprimer le début d’une histoire avec les premiers émois, les premiers sentiments. Tout ce qu’il y a de plus léger en somme. Or, ici, le sujet traité est à l’inverse assez lourd et éprouvant. Ce qui n’est pas dérangeant pour autant, je le reconnais. Le cinéma ne se résumant pas uniquement au traitement de sujets légers. Simplement, à la lourdeur du sujet, Michael Haneke rajoute un scénario tout aussi lourd et une mise en scène étouffante. Je sais que les longs plans d’ensemble constituent un peu sa marque de fabrique mais pour le coup, j’ai trouvé qu’il en abusait beaucoup et que ce n’était pas forcément nécessaire.
Mais ce qui m’a peut-être le plus dérangé, c’est la construction particulière des différents personnages. Honnêtement, je les ai tous trouvés d’une fadeur assez terrifiante. Que ce soient l’ancien élève de piano, l’infirmière, le jeune couple qui les aide ou même la propre fille de Georges et Anne. On ne s’attache à aucun d’eux et chaque nouvelle apparition est quasiment identique à la précédente. Il faut dire que les dialogues n’ont rien de spontané non plus et qu’il découle dès lors du jeu des acteurs un côté théâtral assez gênant. Tout cela pour dire en finalité que les scènes manquent souvent de naturel et qu’on sent bien que Michael Haneke nous manipule tout du long pour nous emmener où il le souhaite. Reste que Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva (surtout elle) sont tout de même très bons, notamment dans toute la deuxième partie du film durant laquelle ils sont tous les deux extrêmement touchants. Dommage que l’émotion n’ait pas été davantage appuyée (sans forcément tomber dans le pathos) car il se dégage en permanence du film un côté assez froid qui peut-être énervant à la longue.En conclusion, Amour est donc une palme d’or bien décevante malgré un sujet audacieux et deux bons acteurs. Si Michael Haneke n’avait pas été aussi lourd (scénario, mise en scène) que le sujet du film, le résultat aurait pu être nettement meilleur. Néanmoins, je tiens à nuancer mes propos en précisant que ce n’est pas trop mon style de film à la base et que je ne pense pas être de toute façon le public cible de ce genre de réalisation