Les outils et armes des shinobi (ninja) - 3/3

Publié le 29 novembre 2012 par Ivan

Les armes les plus usitées par les shinobi ne sont pas celles popularisées par les films et les romans, mais plutôt des outils, comme vu dans les deux articles précédents. Mais cela ne veut pas dire qu'ils n'utilisaient jamais d'armes, ce qui serait étonnant dans un Japon médiéval où tout le monde était, peu ou prou, armé. Toutefois les armes les plus communes des shinobi ne sont - une fois de plus - pas celles qu'on imagine, tels les shuriken, le ninjato, etc. C'est dans l'art du feu et des explosifs qu'ils tiraient leur plus gros arsenal. Découverte.

Venant de Chine, l'art de la poudre noire faisaient les délices des riches et des puissants lors des fêtes, sous forme de feux d'artifices. Toutefois, les shinobi comprirent très vite l'intérêt du mélange de charbon, nitrate de potassium et de souffre. Avec le transport et l'utilisation du feu qu'ils connaissaient très bien, les shinobi devinrent les maîtres des armes explosives et des incendies, qui pouvait leur donner l'avantage sur un grand nombre d'adversaire. Le petit inventaire qui suit permet de prendre l'ampleur de la différence de mentalité des shinobi et de leur ingéniosité à prendre le dessus sur leurs adversaires. Quand ceux-ci ne juraient que par l'arc, la lance ou le sabre, les shinobi répondaient par le piège, la surprise, la manipulation de l'information et la confusion. Ils dépassaient ainsi les critères standard de la guerre et du pouvoir.

La grenade à main

Cette arme était fabriquée dans de fines porcelaines, que l'on remplissait d'éclats ou de morceaux de métal avec de la poudre bien tassée. Sa construction exacte est encore inconnue aujourd'hui, mais on peut la rapprocher des bombes à clous moderne que fabriquent les terroristes amateurs.

La mine anti-personnel

Là aussi, surprise. Cette arme que l'on connait surtout à travers les grandes guerres mondiales a des origines bien anciennes. Le shinobi utilisait une boîte composée de morceaux de bambous effilés, avec un système d'allumage de la poudre par pression. Il suffisait alors qu'une personne ou un cheval marche sur la boîte pour déclencher l'allumage, qui faisait exploser la poudre.


Allumages simultanés

Puisque l'on parle des armes avec de la poudre noire, il est intéressant de savoir qu'elle était également utilisée sans compactage, comme source pour mettre le feu. Cette technique était particulièrement utilisée lors des infiltrations de château en équipe. Le truc était de se diviser en différents points et de faire des petits tas de poudre noire, puis à un signal donné, d'y mettre le feu en même temps dans différents bâtiments. Cela provoquait à coup sûr la panique, une excellente diversion pour combattre ou s'enfuir et dans le meilleur des cas, la destruction complète du château.

La flèche enflammée

On ne peut pas dire que cette technique d'archerie soit propre aux shinobi. Les shinobi copièrent d'ailleurs exactement la technique de leurs homologues chinois en la matière. Cette flèche est un bambou creux avec un à l'intérieur un cylindre contenant de la poudre noire. Une fois la mêche allumée, la flèche devenait une véritable rocket incendiaire. Elle se plantait sur un toît puis explosait, provoquant un petit début d'incendie. Multipliez cette flèche par 50 ou 100 et il devenait impossible de juguler le feu.

La torche à lancer

Là encore, la technique consiste à obtenir une torche enflammée qui ne s'éteint pas lorsqu'on la jette. Généralement composée de résine de pin mélangée à du souffre, cette torche possède un grand clou à son extrêmité. Les shinobi en jettaient en quantité pour allumer un incendie. Une légère variation à leur utilisation était pour combattre contre un groupe la nuit. S'ils avaient affaire à un petit groupe de garde la nuit, le fait de jeter une torche puissante d'un seul coup au milieu faisait un constraste lumineux assez fort pour que l'oeil mette du temps à retrouver sa vision nocturne. Dans ce petit laps de temps où les yeux sont aveuglés, le ninja avait la possibilité d'attaquer sans être vu ou de se déplacer pour fuir.

Les chausses-trappes

Venons-en aux armes métallique. Il s'agit de pièces de métal courbés pour qu'une pointe soit toujours orientée vers le haut. Connu sous le nom de makibishi, le shinobi s'en servait dans sa fuite pour que ses poursuivants marchent dessus et se transpercent le pied. La poursuite s'arrêtait là, car les semelles de paille n'étaient pas de taille à protéger le pied des soldats. La même arme pouvait être utilisée plus rarement pour assassiner une personne, en l'enduisant de poison. Mais il fallait être sûr que la bonne personne marche dessus, ce qui nécessitait une connaissance parfaite de ses déplacements.

Les shuriken

Dans l'imaginaire collectif, c'est l'arme des ninja par excellence. Vous l'aurez compris, c'était loin d'être le cas. Pire encore, le shuriken était connu pour son manque d'efficacité et elle fut donc peu utilisé en combat direct. Arme de lancer en forme de pointe ou d'étoile, la peur qu'elle provoquait venait surtout du fait que les pointes étaient souvent enduites de poison. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le shinobi transportaient ses shuriken dans un sac de toile épais, afin de ne pas si epiquer lui-même.


On peut distinguer plusieurs type de shaken :

  • bo shuriken : en forme de stylo carré ou triangulaire (kugi gata), rond (hari gata) ou encore en forme de lame comme un couteau (tanto gata), avec une pointe longue et surtout plus lourde que le manche. Cette arme vient de l'utilisation d'un clou sacré utilisée dans les cérémonies des moines yamabushi, qu'ils lançaient contre les démons.
  • hira shuriken ou shaken : ce sont les fameuses étoiles qui n'existaient que sous la forme d'une croix à quatre pointes non affûtées, ce qui était bien suffisant. Les variantes à 5, 8, 10 ou 12 pointes sont des inventions modernes peu appréciés des shinobi. En effet, plus il y a de pointes, plus la pénétration d'une pointe est freinée par la proximité des autres.
  • senban shuriken : en forme de losange, ces armes étaient utilisées comme les bo shuriken, mais l'accent était mis sur le tranchant affûté, contrairement aux autres modèles.

Kyoketsu shoge

Cette arme est à rapprocher du kusarigama, elle fut d'ailleurs utilisée à la même époque. Il s'agit d'un poignard avec une seconde lame recourbée, dont le manche est relié à une chaîne ou une corde. Très efficace en combat rapproché, elle servait aussi bien à piquer, couper, trancher, accrocher et à être jeté. Sa chaîne était souvent lestée d'une boule ou d'un carré métalique, ou encore d'un anneau tranchant, à la manière du kusarigama. Mais si cet arme est devenue rapidement la favorite des shinobi c'est surtout grâce à sa polyvalence : elle pouvait servir de grappin, d'outil de sape à la manière du kunai, de crochet pour porter des ballots ou des paquets.

Ninjato

Contrairement au katana, l'existence du ninjato n'est pas clairement établie historiquement. De plus, l'accès au métal fondu de qualité n'était pas possible pour les shinobi qui vivaient dans les campagnes ou les forêts. S'ils utilisèrent des lames, ce fut avant tout des katana qui furent ensuite raccourcis pour tenir dans le dos et être plus facilement transportable. De plus, la lame droite est moins facile à dégainer lorsqu'elle est dans le dos qu'une lame légèrement courbe. Les rares traces de ninjato connus et un tant soit peu ancien sont souvent fabriqués dans un métal si pauvre qu'ils n'auraient pas pu résister au choc face un acier de qualité. Cette dernière arme, très sujette à caution, n'est dans cette liste que pour finir d'enfoncer le clou sur les shinobi et leur arsenal :

  1. les shinobi n'étaient pas armés comme on l'imagine aujourd'hui. C'est de la propagande dabord politique de l'ère nationaliste japonaise, puis cinématographique ensuite.
  2. les shinobi n'étaient pas des fous sanguinaires, mais des hommes adaptés à la nature et à leur environnement.
  3. les shinobi se servaient surtout d'astuces et d'outils pou combattre leurs adversaires.

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Remerciements à Antony Cummins pour son amitié, pour partager avec moi ses connaissances et me laisser utiliser ses documents pour la réalisation de cet article.