Dominique Colignon-Maurin fait parler sa flûte oblique, qu’on désigne sous le nom de ney ; elle court, coule, glisse, appelle, grince, gravit, souffle, clapote, se tait pour laisser parler à son tour Seyhmus Dagtekin. Le poète va chercher au fond de lui les mots qui jouent leurs sonorités presque sans se soucier des significations qu’elles portent. Le recueil de poèmes porte un titre inquiétant : Ma maison de guerre. Mais s’agit-il vraiment d'une guerre ? Nous referons les règles / et chacun choisira la sienne. Les mots se bousculent, ricochent les uns sur les autres, jouent entre eux comme des notes, comme des cailloux dans un torrent, comme des lèvres dans un baiser. On m’a dit : sous chaque mot sommeille un rêve qui n’a pas été dérangé. Quelle que soit la page qui s’ouvre, une étrange lumière sort du livre, qui vient éclairer le visage du lecteur, et les questions contiennent toutes les réponses, et cette obscure permanence du désir.
Au cours de la discussion qui suit cette lecture, Seyhmus Dagtekin cite : « La poésie est une langue étrangère dans la langue commune, dans sa propre langue. » Il ajoute, un peu plus tard : « On n’est pas gardien de ses héritages, on s’appuie sur eux pour s’élancer vers l’avenir. »
Comme si tout reprenait
Là où nous avions pris fin.