J’ai pas de chance, je suis né juif en Lituanie dans les années 30…

Par Mickabenda @judaicine

Alors qu’une rétrospective lui est consacrée jusqu’au 7 janvier au Centre Pompidou à Paris, un coffret réunit les œuvres clefs de Jonas Mekas, l’un des plus prolifiques cinéastes d’avant-garde.

Né en Lituanie en 1922, chassé par les armées soviétiques et nazies, Mékas arrive à New York avec son frère en 1949, après avoir passé quatre ans dans des camps de réfugiés en Allemagne. Il s’achète aussitôt une caméra 16mm et commence, au jour le jour, à filmer le monde qui l’entoure. Il invente ainsi la forme du journal filmé et affirme un style lyrique et profondément personnel, qui sublime le quotidien tout en témoignant de la solitude de l’exil, de l’oppression politique et des forces vitales de la poésie.

Lost Lost Lost 1976 – 180 min
Déplacé de son pays natal lors des invasions soviétiques et nazies, Mekas commence à filmer dès son arrivée à New York en tant que réfugié politique. Lost Lost Lost, tourné entre 1949 et 1963, constitue un témoignage de la contre-culture des années 50 ainsi que de l’évolution du style de son cinéma.

The Brig 1964 – 68 min
The Brig, pur produit du nouveau cinéma américain, fut tourné dans un théâtre off-broadway avec une authenticité bestiale qui lui valut le prix du meilleur documentaire au festival de Venise. Cette fiction au ton polémique, dotée d’une bande-son sismique et d’une atmosphère cauchemardesque évoquant un Kafka équipé d’une caméra Kodak remplit parfaitement son office : tout au long d’un journée harassante dans une cellule d’un régiment de marines, ce film saisit le spectateur par le col et le jette d’un mur à l’autre.

Reminiscences of a Journey to Lithuania – 1971/1972 – 82 min
Jonas et Adolfas Mekas sont arrivés en Amérique en 1949 en tant que réfugiés politiques. Anciens prisonniers des camps de travail allemands, exilés de leur village natal en Lituanie, recherchés par la police soviétiques, ils avaient été contraints de quitter leur foyer des années plus tôt, pour n’y revenir que 27 ans plus tard. Reminiscences of a journey to Lithuania, tourné entre 1971 et 1972, est le témoignage fascinant de la divisions d’une famille et de ses retrouvailles longtemps reportées.

Walden – 1969 – 180 min
Poète et héros de la contre-culture américaine, Jonas Mekas, né en 1922 en Lituanie, est avec Walden l’inventeur du journal filmé. Immense fresque du milieu artistiques new-yorkais des années 60, Walden reste aujourd’hui un film essentiel.

As I Was Moving Ahead Occasionally I Saw Brief Glimpses of Beauty – 2000 – 288 min
« As I Was Moving Ahead… montre les émotions, les sensations subtiles, les joies quotidiennes des gens telles que je les ai perçues dans les voix, dans les visages, dans les petites activités journalières des gens que j’ai rencontrés, observés, et avec qui j’ai vécu… Des choses que j’ai enregistrées pendant des années, à l’opposé des activités spectaculaires, divertissantes, sensationnelles et dramatiques qui dominent une grande partie du cinéma contemporain. »
Jonas Mekas

Short film works – 1949 / 2002 – 98 min
Cassis (1966, 4′) / Notes on The Circus (1966, 12′) / Hare Krishna (1966, 4′) / Report from Millbrook (1965-66, 12′) / Time and Fortune Vietnam Newsreel (1968, 4′)/ Travel Songs (1967-1981, 25′) / Quarter Number One (1991, 8′) / Imperfect Three-Image Films (1995, 6′) / Song of Avignon (1998, 5′) / Mozart, Wien & Elvis (2000, 3′) / Williamsburg (1949-2002, 15′)

Suppléments :
Newreel : Jonas in the Brig de Storm de Hirsch – 5 min
Extraits de Going Home (Adolfas Mekas, 1972) et Journey to Lithuania (Pola Chapelle, 1972).
Extrait de Jonas (Gideon Bachmann – 6 min – 1967) Type : Expérimental
VO : Anglais
Sous titres : Anglais , Français , Lituanien
Editeurs : Agnès b. DVD
Potemkine Films
Re:Voir
Nombre de disques : 6  Jonas Meka-José Luis Guerin, cinéastes en correspondance. au Centre Pompidou, 75004 Paris. Jusqu’au 7 janvier. Rens. : www.centrepompidou.fr ← Article Précédent