[Critique DVD] Blow Out

Par Gicquel

Alors qu'il enregistre les bruits nocturnes de la nature dans une campagne isolée, un ingénieur du son est témoin d'un accident d'automobile. Mais il va peu à peu s'apercevoir que cet évènement cache en fait une autre réalité...

"Blow Out" de Brian De Palma

Avec : John Travolta,Dennis Franz, John Lithgow

Sortie le 21 novemb 2012

Distribué par Carlotta Films

Durée : 104 minutes

Nombre de : 2

Film classé : Tous publics

Le film :

Les bonus :

On connaît l’attirance de Brian de Palma pour le cinéma d’Hitchcock. Quand il ne lui emprunte pas quelques raccourcis en forme d’hommage, il en vient quasiment à le parodier. La scène d’ouverture de «Blow out» est à cet égard édifiante.
C’est du grand Hitch de comédie qui nous conduit dans la douche de « Psychose » reprise de façon grotesque. Les apparences sont bien évidemment trompeuses. La séquence en question a pour décor le studio d’enregistrement d’un metteur en scène de série B  effaré devant le  cri ridicule de la femme apeurée.
Le preneur de son, à ses côtés, doit alors imaginer d’autres frayeurs. Comm il lui faut  aussi dénicher des bruits divers du vent dans le feuillage, il se dirige auprès  d’une rivière, dans laquelle vient de plonger inopinément une voiture.

Drôle d’endroit pour une telle rencontre surtout que celle-ci va conduire notre héros au cœur d’un complot politico-mafieux de la plus grande importance. En écoutant attentivement sa bande magnétique, il sait maintenant qu’on vient de tuer un candidat à la présidence des USA.
Le sujet est fort, et fort bien présenté par  le cinéaste engagé sur une voie assez inédite à l’époque : le témoignage d’un observateur auditif, qui contre vents et marée, va tenter de faire éclater la vérité.Sur cette dualité, il excelle, mélangeant le vrai du faux, la fiction de la réalité pour mieux connecter son sujet. Mais le plus étonnant dans l’histoire, c’est qu’ en possession d’un tel héritage, De Palma  ne sait plus trop quoi en faire. Le scénario s’appauvrit au fil des péripéties de moins en moins palpitantes, le summum étant les retrouvailles de la passagère du véhicule « accidenté », (Nancy Allen au jeu de plus en plus stéréotypé) ,avec un photographe qui lui aussi se trouvait sur les lieux du drame.


 Je ne vous raconte pas leur pedigree pour laisser un brin de suspense à ce récit qui cette fois-ci se démarque totalement de son maître. La scène finale est d’un grotesque sans nom pour un film qui affichait semble-t-il d’autres ambitions.

Le procédé d’identification sonore renvoie ainsi au « Blow up » d’Antonioni qui à la bande magnétique substituait une pellicule photographique. Je pense aussi à l’excellent film de Coppola, pas vraiment connu à mon avis « Conversation secrète », dans lequel Gene Hackman découvre qu’un meurtre est en train de se préparer. C’est alors qu’il enregistrait un couple au milieu d’une foule, que le complot se révèle.

Ici Travolta plutôt pas mal dans sa peau, « reprend » le rôle d’Hackman. Mais de paternité, pas question, pour l’un comme pour l’autre. Le fossé qui les sépare est abyssal.Il nous reste alors quelques références personnelles : la gare de Chicago qui fera les beaux jours des « Incorruptibles » et des réminiscences de « Mission impossible » dans la bidouille des circuits téléphoniques.
Quand on arrive à disséquer ce genre de détails, la ronflette n’est pas  loin.

La scène qui se répète

LES SUPPLEMENTS

  • Préface de Samuel Blumenfeld (8 mn)

Il est préférable de la visionner après le film.

  • Un cri de vérité (27 mn)

Une analyse très pointue de Jean Douchet, qui à mon avis enfonce parfois des portes ouvertes ou déniche des informations enfouies dans le subconscient du réalisateur ou du spectateur. Ca reste intéressant à voir et à entendre.

  • Retour à Philadelphie (18 mn)

Le producteur George Litto aime bien parler et délayer, il est bavard mais il raconte des histoires sur le financement du film, le choix de la comédienne, et l’approche différente du polar que deviendra « Blow out ».

  • Le noir et blanc en couleur (27 mn)

Vilmos Zsigmond revient sur sa collaboration avec De Palma en regrettant « l’époque où il n’y avait au cinéma que l’image ». Les dialogues le fatiguent…Il évoque bien évidemment la façon de travailler de De Palma, et la sienne « Je désature les couleurs » dit-il et il devient très technique.
Je préfère quand il parle simplement des éclairages, des nombreuses scènes de nuit….

  • Souvenirs d’une poupée de chiffon (21 mn)

Nancy Allen évoque son travail aux côtés de John Travolta. Elle parle ainsi de cette voix puérile qu’elle a particulièrement travaillée. Au point que le producteur G.Litto lui demandera si elle comptait parler comme ça pendant tout le film. A mon avis il avait bien raison de poser la question.
Nancy Allen passe ensuite à ses rapports avec De Palma, les choses nouvelles apportées au scénario, la scène de la voiture immergée (« l’expression d’horreur sur mon visage était authentique », ) et l’accueil pas terrible à la sortie : « c’était un film d’automne vu sa noirceur, mais ils ont voulu le sortir en été ».

  • Multipiste (27 mn)

Le compositeur Pino Donnagio raconte autant qu’il s’écoute parler, et il lui faut presque dix minute avant d’aborder le thème de la rencontre : la musique dans les films de De Palma et là ça devient intéressant.