Place à une interview très professionnelle et dans les règles de l'art avec Catherine Cusset, auteur de 9 romans dont Le Problème avec Jane (Grand Prix des Lectrices d’Elle, 2000) et Un Brillant Avenir (Prix Goncourt des Lycéens, 2008).
Catherine n’est pas seulement romancière, elle est New Yorkaise, ou plus exactement l’était jusqu’à l’an dernier. Elle habite Londres maintenant. Tea Party en direct avec Catherine lors du passage de Sandy.Enchaînons, première vitesse: New York, Journal d'un Cycle. Où il est question des tribulations en bicyclette dans New York d'une jeune femme très attentive à ses cycles mensuels.
- Bonjour Catherine, peux-tu raconter la genèse de ce livre? Un moyen de déplacement et une envie d'enfant très certainement, mais qu'est-ce qui a provoqué en toi ce désir de les associer pour ton lecteur?
New York. Le double caractère de New York, sa violence et sa douceur. New York est comme la métaphore du rapport de couple dans mon livre: on y sent une tension, une colère, une violence, une menace d’explosion (au coeur de la circulation de Midtown, par exemple), mais aussi un souffle marin qui a quelque chose de breton et de vénitien quand on se laisse glisser à vélo le long de l’Hudson. Dans la dispute conjugale que je raconte, centrée autour du désir d’enfant, il y a la même tension, la même violence et le même désir de douceur.
Débrayons, passage en
seconde. Place au rôle de la créativité dans l'oeuvre de Catherine.
- Catherine, imagine que tu commences l'écriture d'un nouveau roman. Premier chapitre, premières lignes. Connais-tu déjà la trame de ton histoire? As-tu une idée très précise de tes personnages?Ou au contraire te laisses-tu mener par ton imaginaire dans l'instant présent de l'écriture?
Quand je commence, j’ai une idée assez précise de mes personnages et de certaines situations, mais le livre évolue de jour en jour. Au début il n’existe presque pas. Plus on écrit, plus il prend de place dans l’imaginaire et a tendance à s’écrire lui-même. Le plus difficile, c’est le début. Une fois qu’il est en place, les personnages se mettent à parler constamment dans ma tête, surtout quand je me promène. J’ai besoin de marcher pour écrire.
- Dans le cadre de ton processus créatif, sais-tu où ton imaginaire va puiser?
Aucune idée. Pourquoi ce livre et pas un autre? Parce que c’est ce qui m’intéressait au moment où je l’ai écrit. Ce qui était vivant pour moi à ce moment-là. Mon imaginaire reste en général assez proche de moi et de ma vie - ou de mon passé.
- As-tu une routine dans ton écriture? Du genre chaque matin, 8h, au boulot... Ou est-ce plus bohème et rock and roll, au sens "quand tu le sens"?
J’écris le matin, à partir de 9h. Si j’ai un rendez-vous le matin, ou même un coup de fil, la journée de travail est fichue. Il faut qu’il y ait une continuité entre la nuit et l’écriture. Tout ce qui appartient à la vie quotidienne déconcentre.
- Fin du roman, fin de l'histoire, rideau. Peux tu décrire comment tu te sens? Es-tu contente d'en avoir terminé avec ce sentiment du travail accompli? ou plutôt triste de quitter cette histoire-ton histoire? Angoissée par l'accueil que tes lecteurs vont lui réserver?
Contente, triste, angoissée, tout ça! J’ai beaucoup de mal à laisser partir un livre. C’est un vrai sevrage. Après avoir passé deux ans ou plus avec lui, je le connais par coeur. Il m’habite jour et nuit. Il y a toujours la possibilité de changer encore un mot! J’ai une conscience aiguë de ses défauts et ne vois plus qu’eux. Mon nouveau roman, Indigo, j’ai mis un an à le laisser partir. Mais une fois que le livre est publié, il n’est plus entre mes mains et vit sa vie. L’angoisse se calme. Je commence à me tourner vers un nouveau projet.
On freine et on passe au point mort. Il est temps de s’arrêter et de boire le thé. “Avec un nuage de lait, plaît-il.” Après un an à Londres, Catherine s’est anglicisée. Oh My God !
A suivre dans Mon Oeil New York, le nouveau roman de Catherine Cusset à paraitre en janvier ...
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