Dawn est une adolescente qui essaie tant bien que mal de contenir sa sexualité naissante en étant une des membres les plus actives du club de chasteté de son lycée. Etrangère à son propre corps, la prude découvre que son vagin a une bien étrange particularité…
Redrum : Un rapide coup d’œil au synopsis de Teeth laisse présager une bonne grosse comédie horrifique bien débile poussant des ados pré pubères, chauds comme la braise, dans le piège du minou-mutant d’une jeune adolescente prude et désemparée. Mais ce n’est pas le cas. Teeth est un film calme, loin de la frénésie habituelle des genres qu’il combine (teen-movie et film d’horreur). Sur la forme, Mitchell Lichtenstein semble emprunter au cinéma indépendant américain (sous plusieurs aspects, le film se rapproche de Juno), en saupoudrant le tout d’une atmosphère glauque à souhait. Non seulement l’héroïne, Dawn, a bien du mal à contenir les attaques sanglantes perpétrées par son propre vagin, mais en plus elle doit lutter contre ses pulsions sexuelles et composer avec un contexte familial particulièrement pesant. Le malaise régnant chez elle est dépeint sans lourdeurs, par le biais d’une mise en scène discrète et suggestive. Loin d’être effrayant, le film peut être source à diverses interprétations symboliques (sur le chemin à accomplir pour devenir une femme, ou encore sur l’écologie) mais ce que l’on retient en bout de course, ce sont quelques scènes bien drôles (la torpeur des victimes fonctionne à tous les coups !), d’autres plus gores (mention spéciale au passage chez le gynéco) et surtout, surtout, un vagin sacrément carnassier ! 3/5
Brundlefly : Mitchell Lichtenstein est un petit malin, il nous propose sa propre vision du "rape and revenge", sauf qu’ici il n’est point question de rednecks lubriques qui passeront à la trappe façon Oeil pour oeil (I Spit on your grave) après avoir commis la pire des horreurs sur une infortunée jeune fille. Non, Lichtenstein est plus subtil que ça : il nous balance en pleine tronche sa vision acerbe d’une société américaine puritaine victime de sa propre déviance contenue et sexualité taboue, dont la libération des mœurs ne peut qu’entraîner "mutation" et dégénérescence de l’institution morale et familiale. Le réalisateur prend soin de passer au vitriol tous les sujets sensibles qui forgent sa société : manipulations institutionnalisées, danger nucléaire et radioactivité, inceste, viol, catholicisme… Tout y passe, sous la forme d’un traitement très corrosif des émois adolescents comme fil rouge, dont Dawn est l’incarnation. Elle est la victime même de ce que les maux sociaux et moraux ont fait d’elle, et du stéréotype qu’elle personnifie. Et sa façon de se venger n’est autre qu’une castration intra-vaginale de ceux qui osent lui manquer de respect. Mis à part quelques baisses de rythme et 2-3 maladresses, il serait bien stupide de croire que Teeth n’est qu’une farce à la American Pie, car au-delà de son aspect décalé et ses airs de Teen comedy, il est bien plus que cela, et se révèle même être un pamphlet philosophico-social féministe gore, astucieux, original et distrayant. Une curieuse péloche irrévérencieuse, et une bonne surprise. « DENTATA !!! » 3/5
Réalisateur : Mitchell Lichtenstein
Acteurs : Jess Weixler, John Hensley, Josh Pais, Hale Appleman, Lenny von Dohlen, Vivienne Benesch, Ashley Springer…
Durée : 1h36
Année de production : 2007 (États-Unis)