A la croisée des mondes de Dillon
Dominique Dillon de Byington est la chanteuse allemande plus connue sous le nom de Dillon. Cette dernière mélange une palette de sons électroniques, une pop sobre et une voix fragile.
Un an après avoir sorti son premier album This Silence Kills, très attendue en concert, elle fait salle comble pour sa première tournée et ses dates en France, de passage à Lyon le 13 Novembre et à Lille le 19, c’est à Paris au Nouveau Casino le 21 novembre que nous sommes allés la découvrir.
La jeune native Brésilienne de 23 ans a conçu un package de chansons qui s’écoutent surtout l’hiver et surtout seul, ça tombe bien nous sommes en novembre, par contre comme il fait froid et que nous sommes généreux, on va partager ce moment avec vous.
Avec un style assez proche de celui de Lykke Le, Dillon vous emmène dans son univers grâce à un processus régulier, lent et crescendo, une sorte d’hypnose en groupe. Bercés par les sonorités et les mots, on glisse lentement mais aisément dans un monde rempli de mélodies attachantes, mélancoliques où l’on devine presque les pensées de la jeune femme, elle rentre dans notre cerveau !
Sur scène, elle est ancrée (planquée ?) derrière un bunker de claviers révélant seulement de rares fois son visage à travers un jeu de lumières subtil et très épuré. Étonnante, envoûtante … on ne glisse plus, on tombe ! Derrière d’occasionnels faisceaux laser, transparaissent une grande émotivité et un charisme certain.
Une contradiction entre force et faiblesse, qu’elle met en valeur dans ses textes autobiographiques, basés sur de sombres pensées récurrentes de ses amours déchus. Entre électro minimaliste inspirée par son environnement d’artistes DJ (ce n’est pas pour rien qu’elle a signée chez Bpitch le label allemand de la DJette Ellen Allien) et sa poésie mélancolique ouatée, on fait face à un défi pour des harmonies contrastées !
Un concert qui se déroule comme un rêve éveillé avec des drames accompagnés en piano/voix intimiste Thirteen thirty five, des ombres du passé avec très peu de basses et une voix posée mais intense Your Flesh against me, des virages à 180 degré avec des sons saturés, une voix poussée, déchirée Undying need to scream, puis des moments de latences, de surprises totales avec des rythmes tribaux, des beats lourds Tip Tapping/Contact Us.
Un jeu hasardeux sur scène, une tenue et un maquillage fantasmagorique, des larmes noires pailletées posées faussement sur ses joues, et même un signe de croix signé de sa main au beau milieu d’une chanson ! Un concert rapide, et timide, presque trop, car c’est vers la fin que l’on commence à rentrer véritablement dans cette combinaison musicale parallèle et atypique possédant ses propres dimensions d’espace et de temps.
Dillon a créée sa propre personnalité forte et émouvante à la fois, un style musical bien particulier mûri et nourri par ses influences compatriotes : de la pop électronique plaintive et hypnotique avec Björk en chef de file.
Une artiste délicate et torturée, un mysticisme entrecoupé de beats effrénés mais toujours discret. On compte jusqu’à 3, la séance d’hypnose est terminée, les thérapies de groupe sont loin d’être finies et nous sommes certains qu’elle va nous offrir beaucoup d’autres adeptes à l’avenir.
Live report : Christelle Bal
Crédits Photos : Stéphanie LECOLIER
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