Ce matin j'étais rebelle, ma mère ne comprenait pas mon attitude, mon sens de la vie. J'avais des hormones en ébullition et puis tant de choses à faire dès maintenant. Mon père plus discret m'écoutais, me grondait, mais finalement me montrait plus de partage avec ma génération. Avec les copines, on sortait boire un café, toute ensemble, dans notre lieu. On parlait on twittait, on se jalousait le beau mâle du moment mais toujours on repartait ensemble.
J'étais jeune, insouciante et fière de deux choses, trois peut-être, de ce sac besace si grand pour mon fouillis, de cette jupe en cuir négociée pendant trois mois, mamère ne voulait de cela sur moi, achetée avec mes sous, si jolie avec des boots et un collant moutarde, parfois rouge comme à la soirée où j'ai rencontré ce jeune intello, si charmeur. Entre deux bulles de champagne.
Ce midi, j'étais venu voir cette agence, pour présenter un nouveau concept de publicité avec les réseaux sociaux dans une société pourssiéreuse. J'avais un look décalée de mon monde de création, d'innovation, de soirées de boulot sans fin, mais de franches rigolades. Une équipe, des femmes, des hommes, beaucoup d'idées et de fun. On rigole souvent, on stresse aussi, on vit une aventure.
Face à ces costumes gris, je présente, je déroule ma présentation, j'ai mis ma jupe en cuir plissé, si jolie, achetée en soldes, si tendance. Un pull de couleur orange, un collant opaque noir et des bottes, je suis bien dans ma mode, je dépare dans ce décor, mais rien ne peux me déstabiliser, c'est ma matière fétiche, mon gri-gri anti-stress. Je vais signer cette affaire, comme les précédentes. Mon collègue me sourit, il présente la partie économique, il valide avec l'acheteur. Ce soir, nous fêtrons au champagne ce contrat
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Ce soir, après un divorce et tant de souffrances, je suis plus sereine, je vais retrouver mes copines, je n'ai pu annuler ce dîner si convivial, on va parler de Noël, des cadeaux, de nos tenues, des fêtes. Mes enfants ont grandi, pas encore de petits-enfants mais déjà un couple et deux fiancées. Je suis heureuse de cette vie, surtout que mon amoureux sera là dans le lit au retour. Il reviendra d'un déplacement de province, un peu tard, mais je pourrai me réchauffer près de lui.
Je marche avec mon manteau trois-quart, la rue est vide, les lumières au fond, notre café brasserie habituelle, je regarde les vitrines encore illuminées. Je porte ma robe en cuir, si tendance, si sobre, justement moulante sur ma poitrine fière, sur de beaux dessous, avec des bas, mon amoureux les aiment autant que moi. J'aime ce cuir, froid au début puis qui prend la température de mon corps, une seconde peau. Je me sens bien. J'entends des rires, je passe devant d'autres devantures, des idées pour le réveillon, deux flûtes et un champagne rosé.
Nylonement