Thème d'étude original mais légitime lorsqu'on sait que 30 à 40% des criminels récidivistes ont un trouble du déficit d'attention avec hyperactivité (TDAH). Et cette étude du Karolinska Institutet confirme que les adultes atteints de TDAH commettent moins de crimes quand ils sont sous traitement. Ces conclusions issues de données portant sur 25.000 personnes atteintes, publiées dans le NEJM, confirment l'importance de la mise sous traitement mais aussi de sa surveillance, en tenant compte toutefois de l'histoire du patient en raison des effets indésirables fréquents de ces traitements.
Environ 5% des enfants d'âge scolaire et près de la moitié des adultes sont atteints du TDAH, -plus ou moins sévère- caractérisé par une inattention, la distraction et l'impulsivité. La recherche montre aussi que le TDAH est une affection relativement stable et que beaucoup d'enfants diagnostiqués vont répondre ensuite aux critères du TDAH à l'âge adulte. Les personnes atteintes de TDAH peuvent être traitées avec des stimulants centraux, qui renforcent la vigilance et l'activation du cerveau ce qui améliore l'attention et le contrôle des impulsions.
Les comportements criminels chez les personnes atteintes de TDAH se réduisent fortement, de plus de 30%, pendant les périodes où ils sont sous médicament, selon cette qui a porté sur les données de 25.000 adultes atteints de TDAH, issues de différents registres suédois de 2006 à 2009.
Même pour un même patient, les périodes avec et sans traitement sont associées à des taux d'incidence différents de criminalité. Si de précédentes études ont montré que les personnes atteintes de TDAH sont plus susceptibles de commettre des actes criminels, on ne connaissait pas l'effet des médicaments sur ce type de risque. L'étude démontre plusieurs liens significatifs entre le traitement pour le TDAH et la réduction du risque de criminalité. Ainsi, l'incidence du comportement criminel est plus faible chez les individus traités que chez ceux non traités, et même pour un même individu, la comparaison entre périodes de traitement/non traitement montre que les médicaments sont bien associés à une réduction significative du risque de 32%. Cette conclusion est remarquable car elle montre que la réduction du risque n'est pas très variable selon les participants.
Cette association traitement-réduction du risque est similaire pour les hommes et pour les femmes, et s'applique aussi bien à la petite délinquance qu'aux crimes graves et violents.
« Nous montrons que ces médicaments du TDAH réduisent le risque de criminalité», confirme Henrik Larsson, professeur agrégé au Département d'épidémiologie et de biostatistique du Karolinska Institutet. « Cependant, nous devons souligner que la plupart des traitements médicaux peuvent avoir des effets secondaires indésirables, cette réduction du risque de criminalité doit donc être mise en balance avec ces effets indésirables. Cela signifie que la situation de chaque patient et son passé doivent être pris en considération avant prescription ». Son collègue, le Professeur Paul Lichtenstein ajoute qu'alors que 30 à 40% de délinquants et de criminels ont un TDAH, en réduisant le risque de récidive de 30%, on allègerait considérablement les problèmes de criminalité dans de nombreuses sociétés.
Source: NEJM November 22, 2012 DOI: 10.1056/NEJMoa1203241 Medication for Attention Deficit–Hyperactivity Disorder and Criminality