[anthologie permanente] Robert Duncan

Par Florence Trocmé

Les éditions Corti, dans leur « série américaine » viennent de publier L’ouverture du champ, dans une traduction de Martin Richet 
Il m’est souvent accordé de retourner au pré 
 
comme s’il était une scène composée par l’esprit, 
qui n’est pas le mien, mais est un lieu construit, 
qui est le mien, il est très près du cœur, 
pâture éternelle toute pliée de pensée 
aussi un foyer y est contenu 
qui est un lieu construit, créé par la lumière 
d’où tombent les ombres qui sont formes. 
D’où tombent toutes les architectures que je suis 
que je dis images du Premier Être aimé 
dont les fleurs sont flammes offertes à la Dame. 
Elle qui est Reine Sous La Colline 
ses armées sont une perturbation des mots dans les mots 
qui est un champ plié. 
Il n’est qu’un rêve de l’herbe soufflée 
à l’est contre la source du soleil 
une heure avant le déclin du soleil 
son secret nous apparaît dans un jeu d’enfant 
ronde à la rose racontée.  
Il m’est souvent accordé de retourner au pré 
comme s’il était une propriété donnée de l’esprit 
que certains liens opposent au chaos,  
qui est un lieu de premier consentement, 
éternel présage de ce qui est 
Robert Duncan, L’Ouverture du champ, traduction Martin Richet, « série américaine », Éditions Corti, 2012, p. 45 
Often I Am Permitted to Return to a Meadow 
 
as if it were a scene made-up by the mind,  
that is not mine, but is a made place, 
that is mine, it is so near to the heart,  
an eternal pasture folded in all thought  
so that there is a hall therein 
that is a made place, created by light  
wherefrom the shadows that are forms fall. 
Wherefrom fall all architectures I am  
I say are likenesses of the First Beloved  
whose flowers are flames lit to the Lady. 
She it is Queen Under The Hill 
whose hosts are a disturbance of words within words  
that is a field folded. 
It is only a dream of the grass blowing  
east against the source of the sun  
in an hour before the sun's going down 
whose secret we see in a children's game  
of ring a round of roses told. 
Often I am permitted to return to a meadow  
as if it were a given property of the mind  
that certain bounds hold against chaos, 
that is a place of first permission, 
everlasting omen of what is. 
source de la version originale. Attention, le livre n’est pas bilingue. 
(bio-bibliographie de Robert Duncan à venir)