George Bacovia – Rare (1916)

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Si seul, si seul, si seul,
Une auberge perdue -
L’aubergiste, endormi,
Désertes sont les rues,
Si seul, si seul, si seul…

II pleut, il pleut, il pleut,
Temps d’ivresse, d’orgie
Écoute ce désert,
Quelle mélancolie !
II pleut, il pleut, il pleut…

Et nul, et nul, et nul
Ne sait rien de moi,
Depuis si longtemps,
Mais tant mieux, ma foi
Et nul, et nul, et nul…

Frisson, frisson, frisson,
Chaque ironie levée
Se trouve sans écho -
La nuit est avancée,
Frisson, frisson, frisson.

Toujours, toujours, toujours,
Les errances dès lors
Ne m’appelleront plus -
Sur les rêves, la mort,
Toujours, toujours, toujours…

Si seul, si seul, si seul,
Temps d’ivresse, d’orgie -
Écoute comme il pleut,
Quelle mélancolie,
Si seul, si seul, si seul…

***

George Bacovia (1881–1957)Plomb (1916) – Traduit du roumain par Odile Serre