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Menstruations et impureté rituelle de la femme en Islam: quelles conséquences spirituelles?

Par Musulmane Convertie

Menstruations et impureté rituelle de la femme en Islam: quelles conséquences spirituelles?Dans l’Islam, les femmes qui ont leurs règles ou des saignements post-partum (lochies) ne peuvent ni effectuer les prières rituelles (prières appelées Salat, effectuées 5 fois par jour), ni jeûner ou toucher le Coran (ce qui en restreint donc la lecture). Quelles sont les conséquences spirituelles de ces restrictions apportées aux actes d’adoration qu’une personne peut pratiquer? La réponse courte visant à dire que les femmes sont fatiguées pendant leurs règles et doivent donc voir cela comme un repos ne m’ayant jamais complètement satisfaite et le web francophone se révélant assez pauvre sur cette question, je vous offre ici une traduction partielle et informelle d’un article qui ouvre d’autres pistes de réflexion sur le sujet. L’article peut être lu en entier et dans sa forme originale ici (en anglais):

Dans le Coran, on apprend que « Allah a assigné une mesure à chaque chose » (Coran, sourate 65, verset 3), que « chaque échéance a son terme prescrit » (Coran, sourate 13, verset 38) et nous pouvons inclure dans cela nos cycles physiologiques. Tout se fait dans un but et un temps déterminés. Reconnaitre et admettre ceci est une attitude vertueuse de notre part, un acte du cœur et de l’esprit, confirmant que Allah est effectivement Celui qui contrôle et gère tout dans un ordre parfait, que Sa volonté est toujours réalisée aux meilleurs lieux et temps et de la meilleure manière qui soit.

Il est aussi très important pour nous de comprendre que durant nos règles ou durant les saignements suivant l’accouchement, nous ne sommes pas « sales », comme cela est parfois enseigné culturellement. Bien que le sang lui-même soit considéré comme une impureté matérielle (najas), une femme qui a ses règles ou des saignements post-partum est dite dans un état d’ « impureté rituelle » (hadath). Cette distinction, que l’on retrouve dans n’importe quel texte de base de jurisprudence islamique n’est pas insignifiante. Être dans un état d’impureté rituelle n’a pas de connotation ou d’implication plus profonde en ce qui concerne la valeur ou l’importance d’une personne devant Allah. Les hommes, comme les femmes, connaissent des moments d’impureté rituelle.

La pureté rituelle (tahara) et l’impureté rituelle sont des concepts intéressants qui ne sont pas toujours reliés à ce qui serait normalement considéré comme « propre » ou « sale ». Par exemple, une personne peut faire ses ablutions sèches (tayammum) en se salissant littéralement les mains et le visage avec de la terre, et être ensuite considérée comme en état de pureté rituelle. Il existe même un hadith (Bukhari) dans lequel Aïcha (qu’Allah soit satisfait d’elle) raconte qu’un jour, alors qu’elle était dans sa période de menstruations, le Prophète (que la paix soit sur lui) a posé sa tête sur ses genoux pour se reposer et a même récité du Coran. Si elle avait réellement été impure au sens ordinaire du terme, notre Prophète (que la paix soit sur lui) se serait-il reposé sur elle de cette manière?

Être dans un état d’impureté rituelle ne signifie donc pas être sale dans le sens conventionnel du terme. Par conséquent, les interdictions liées à cet état n’impliquent pas qu’une personne soit contrainte d’être loin d’Allah et des moyens de s’En rapprocher. Si c’était le cas, alors tous les actes de dévotion et de communication avec le Divin aurait été interdits de la même manière, comme la pratique du Dikhr (certaines formule de rappel) avec la langue et les dou’a (invocations). Ces actes spirituels intimes qui mettent une personne en connexion et en communication directe avec le Divin nous sont autorisés durant cette période.

Tous ces éléments renforcent l’idée que les restrictions durant les règles et les saignements post-partum sont une expression de la miséricorde et de la prévenance d’Allah envers nous, bien plus qu’une sorte d’éloignement forcé de Lui. Elles peuvent être regardées comme une dispense, nous octroyant une période temporaire pour notre bien-être et notre ressourcement alors que nous sommes dans un état de fatigue et de faiblesse physique. Cela peut aussi nous amener à revenir à la prière rituelle, au jeûne et à la lecture du Coran avec une énergie, une passion et un intérêt renouvelés.

Une autre sagesse de ces intervalles de temps et des interdictions y afférent peut être l’approfondissement de notre compréhension des actes de dévotion, leurs sortes et les moyens par lesquels nous pouvons nous rapprocher d’Allah le Très Haut. Il se peut que certains actes recommandés, mais souvent négligés, soient laissés de côté dans notre enthousiasme pour ceux qui sont plus communément pratiqués. Peut-être faut-il que certaines portes se ferment pour que nous commencions à apprécier les autres. Par exemple,  dou’a et salah ‘ala an Nabiy sont deux des plus beaux et vertueux types d’adoration que nous négligeons souvent, et qui peuvent être pratiqués à n’importe quel moment. Il est reporté que selon le Prophète (que la paix soit sur lui) « Dou’a est l’essence même de la dévotion » (Abu Dawud, Tirmidhi – hasan sahih) et dans de nombreux endroits dans le Coran, Allah nous enjoint de l’invoquer dans nos dou’as :

Et votre seigneur dit : appelez-moi et je vous répondrai (Coran, sourate 40, verset 60)

Invoquez votre Seigneur en toute humilité et recueillement et en toute discrétion (Coran, sourate 7, verset 55)

Il y a également d’immenses bénéfices à être au service d’autrui et à aider notre entourage. Ceci est aussi une forme d’adoration nous permettant de nous rapprocher d’Allah le Très Haut. Si tout le monde est occupé dans des actes d’adorations privés, à savoir les prières surérogatoires et la récitation du Coran, alors qui aura le temps d’assister son frère ou sa sœur dans le besoin, aider les pauvres et les nécessiteux et s’occuper des autres problèmes de la communauté et de la société?

Un sheikh (érudit musulman) a dit un jour qu’une personne est en Salat ce qu’elle est en dehors. C’est-à-dire que l’état de concentration, dévotion et humilité que nous recherchons tous dans nos prières est quelque chose que nous devons développer et cultiver en dehors d’elles, dans le cadre plus large de nos vies quotidiennes. Nous rappelons-nous seulement d’Allah au moment de la prière en vivant le reste du temps dans un état de relative insouciance (ghaflah)?

Les moments où les portes de la Salat sont fermées pourraient bien être ceux qui nous ouvrent les yeux sur notre véritable état spirituel, nous donnant ainsi l’opportunité pour des moments de réflexion et d’introspection.



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