L'obligation pour l'automobiliste de disposer de 2 éthylotests dans chaque véhicule décrétée en juillet dernier et initialement mise œuvre dès ce 1er novembre, devrait être reportée au 1er mars 2013, par le Ministère de l'Intérieur. En cause, les nombreux cas de brûlure et autres effets indésirables recensés par les centres antipoison de France ces dernières années. Acide sulfurique, chrome, dichromate de potassium, autant de substances toxiques qui exposent les usagers et leur famille à des risques sanitaires mais peuvent aussi nuire à l'environnement et la faune aquatique.
Les Centres anti-poisons ont ainsi recensé, entre janvier 1999 et juin 2012, 156 cas d'exposition entraînant des brûlures, irritations, céphalées, conjonctivites suite à la manipulation de ces dispositifs et prévoit une augmentation du nombre de cas avec le temps. Principales circonstances rencontrées, les expositions accidentelles du jeune enfant et celles concernant des jeunes adultes visés par l'autocontrôle en fin de soirée. Dans 4 cas, relève le CAPTV, le dispositif a été croqué et/ou avalé dans un contexte d'état d'ébriété avancé…Dans 13 cas, le contact buccal avec un dispositif dégradé et contaminé par du liquide a entraîné des effets irritatifs et corrosifs graves.
Dès mai 2012, la délégation à la sécurité routière avait soulevé la question de la dangerosité des éthylotests chimiques et des risques sanitaires possibles, auprès de la Direction générale de la santé (DGS). Si parmi les cas rapportés, 4 sont liés à une mauvaise manipulation en raison de l'état d'ébriété et au total, 42% à une mauvaise utilisation du dispositif, dans 19 % des cas, le réactif est devenu accessible du fait de la rupture du dispositif et dans 34% des cas, c'est un liquide agressif, constitué pour partie d'acide sulfurique qui est en cause. Enfin, l'étude révèle une circonstance d'exposition particulière soit 13 cas correspondant à une utilisation dans des conditions « normales » d'un éthylotest dégradé.
« Le décret éthylotest à la poubelle ! », demande l'Association Robin des Bois qui, rappelle, outre les composants dangereux des éthylotests chimiques, que les dispositifs mis sur le marché ne mentionnent pas la présence d'acide sulfurique et que ceux qui sont importés et vendus sur Internet ne respectent pas la norme définie.
Enfin se pose le problème de l'élimination des éthylotests usagés ou périmés qui sont trop souvent déposés sur la voie publique et dans la nature, avec des conséquences écologiques au lieu d'être jetés dans les déchetteries pour être traités dans une filière déchets adaptée.
Sources : Centre anti-poisons Ethylotest chimique à usage unique / air expiré : quels risques ? (Juillet 2012), Association Robin des Bois Dossier sur les éthylotests